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Fratrie Diderot, la saga continue…

Catherine, la sœur Ursuline au destin tragique, inspirera Denis Diderot dans son roman “La Religieuse”.

LES MURS ONT LA PAROLE. Poursuivons notre série consacrée à la fratrie Diderot. Après le chanoine Didier-Pierre et Denise, la soeur bien aimée, intéressons-nous à une seconde sœur, moins connue, du nom de Catherine.

Sur les sept enfants nés de l’union des parents Diderot, quatre seulement atteignirent l’âge adulte. Si Didier-Pierre, Denise et Denis vécurent de nombreuses années, menant des existences bien distinctes, une autre sœur nommée Catherine connaît, quant à elle, un destin peu envieux. Pour évoquer cette sœur dont Denis parle très peu, dirigeons-nous rue de la Tournelle, devant l’ancien couvent des Ursulines. L’état de ruines de la chapelle est à l’image de la vie de Catherine, tragique.

Née en 1719, Catherine entre chez les religieuses Ursulines de Langres vers 1739. A cette époque, Denis est déjà à Paris. La vie de Catherine sera courte et ses détails nous sont inconnus. Ce que l’on sait, c’est qu’elle perd la raison et meurt folle dans ce couvent. Pour Marie-Angélique de Vandeul, fille de Denis, ce sont les conditions de vie que s’infligent alors les religieuses par le jeûne, la discipline et l’austérité, qui ont eu des répercussions irréversibles sur la santé de Catherine. On « abusa de sa force physique » écrira-t-elle.

Catherine mourra ainsi d’aliénation mentale au couvent, en 1748. Cette sœur deviendra une sorte de “secret de famille”. Ainsi, Catherine n’apparaît jamais dans la correspondance familiale. A peine parle t-on d’elle dans les comptes du testament de Didier Diderot, le père, puis dans les mémoires de la fille de Diderot. D’après cette dernière, Denis revoit sa sœur peu de temps avant sa mort, sans doute lors de son voyage à Langres en 1742. A la suite de cet entretien, il était « persuadé que sa tête était altérée ».

Si les proches de Denis influencent sans le vouloir les pensées et les écrits du philosophe, il en est de même pour Catherine. Car l’écrivain transpose pour partie l’histoire de sa sœur dans une de ses œuvres majeures, “La Religieuse”. Achevé tardivement sous forme de feuilleton entre 1780 et 1782, dans La Correspondance littéraire de son ami Grimm, le roman est publié en 1796. Diderot y dénonce le fonctionnement des institutions religieuses coercitives.

Anticlérical par excellence, ce texte écrit à partir de 1760 prône la liberté de choisir son destin. Denis évoque par le sujet et le choix de l’héroïne, sa sœur Catherine. Le scénario est également inspiré d’une histoire vraie, celle d’une religieuse de l’abbaye royale de Longchamp nommée Marguerite Delamarre, qui, en 1758, écrivit à la justice, demandant d’être libérée du cloître où ses parents l’avaient enfermée. 

De notre correspondante Angélique Roze

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