Exhibitionnisme : à trop en dévoiler, il finit par choquer tout un immeuble
SOCIÉTÉ. Dans une résidence, rue de la Victoire, le quotidien des locataires est, depuis plusieurs mois, perturbé par un visiteur à la libido décomplexée. Exhibitions sexuelles, harcèlement, lassées de la situation, les femmes de la résidence ont lancé main courante, plainte et pétitions.
Dimanche matin, 11 h. Dans cette bâtisse aux quelques appartements, située presque au bout de la rue de la Victoire, le calme règne. Pas un chat dehors, pas un bruit dedans. Enfin en apparence… Car depuis plusieurs mois, la tranquillité des lieux semble quelque peu perturbée par un visiteur ivre de désirs.
Clarisse*, 30 ans, qui a emménagé il y a un peu plus de trois mois, en a pu faire l’amère constatation jeudi 21 septembre. « J’allais chercher ma voiture garée devant la résidence. Je pensais qu’il faisait une crise d’épilepsie, mais finalement, je me suis rendu compte qu’il se masturbait en public, fenêtre grand ouverte, en me regardant lourdement », explique-t-elle, quelques jours plus tard, encore gênée par ce qu’elle a vu. Mais ce n’était pas la première fois qu’elle avait été la cible de ses pulsions.
« Je n’ose même plus passer devant leur porte »
L’homme qu’elle nomme « le voisin » – mais qui en réalité rend régulièrement visite à une locataire de l’immeuble – l’avait déjà abordée en ce sens. « Une fois, il m’a dit « tu baises » et une autre fois « j’te saute » », détaille Clarisse.
L’exhibition sexuelle dont elle a été spectatrice malgré elle s’est révélée être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Le soir, je ne me sentais pas en sécurité. Depuis, je n’ose même plus passer devant leur porte », confie Clarisse, qui a non seulement porté plainte, mais également lancé une pétition qu’elle a envoyée, le 27 septembre, à son bailleur, Square habitat, afin de dénouer la situation.
Parmi les signatures de la doléance collective figure celle de Claire*, 20 ans. Vivant depuis deux ans dans l’immeuble, elle aussi a eu affaire à ce visiteur, en début d’année. « Au début, c’était plus elle [la locataire de l’immeuble, amie du visiteur] qui me parlait, mais sans être bizarre. Puis, entre mars et avril, elle a commencé à me dire que son ami qui vivait avec elle me trouvait jolie. »
Ça aurait pu s’arrêter là, mais au bout d’un mois, cette voisine entremetteuse et le visiteur reviennent à la charge et font ce qui pourrait s’apparenter à du harcèlement sexuel. « Un jour, elle m’a demandé quel type de culotte je portais. » La barre de l’indécence sera repoussée de quelques mètres encore lorsque Clarisse croise l’homme se masturbant derrière la grande porte d’entrée de l’immeuble. Dans la foulée, Claire décide de déposer une main courante qui n’aboutit pas. À ce jour, tout comme Clarisse, elle aussi se retrouve en proie à des craintes vis-à-vis de ses voisins. « J’ai peur qu’ils reviennent frapper à la porte. »
Les agissements de l’homme, rue de la Victoire, ne sont d’ailleurs en rien isolés. Souffrant de schizophrénie, mais suivi médicalement, il a déjà été jugé pour des faits similaires. Notamment entre 1999 et 2018, années durant lesquelles des condamnations ont été prononcées à son égard.
Pour l’heure, du côté de Clarisse, les choses bougent. Contacté par jhm quotidien, Square habitat a indiqué avoir reçu la pétition en question et a signalé s’être tourné vers son avocat pour trouver « une suite à donner ». Enfin, en ce qui concerne la plainte de Clarisse, elle a conduit à l’ouverture d’une audience le 3 novembre prochain, au tribunal de Chaumont.
* Tous les prénoms ont été changés
Dominique Lemoine
L’accompagnement des patients souffrant de schizophrénie en question
« On m’a dit qu’il était trop fou pour être emprisonné, pas assez pour être interné ». Cette phrase entendue par Clarisse, rapportée à des professionnels de santé mentale, fait bondir tant elle peut cacher une réalité beaucoup plus complexe. « Chaque cas est un cas à part. Il faut connaître tout, aussi bien le contexte, la famille, l’environnement », explique Bruno François, cadre supérieur de santé sur la psychiatrie adulte nord au Centre Hospitalier de la Haute-Marne. « Normalement, on doit de moins en moins hospitaliser. Et le but est vraiment que les personnes aient une hospitalisation, un suivi et puissent vivre convenablement », ajoute Alexandra Wictor, directrice des soins, de la qualité et de la gestion des risques et les équipes de psychiatrie du CHHM. « Ils ont un traitement et ont régulièrement des visites à domicile. À un moment donné, n’importe quel patient peut décompenser en arrêtant son traitement, mais ça, on peut le retrouver avec n’importe quelle maladie. C’est la même chose que pour le diabète. Ça fait partie du processus d’acceptation. »