Comment Intermarché prend les commandes de l’ex-Géant Casino de Chaumont
Exit Géant Casino, Intermarché s’installe dans le magasin de 5 055 m2 avenue de la République à Chaumont. En l’absence d’adhérent candidat, c’est un directeur général qui est aux commandes. Avec la directrice régionale de la branche alimentaire des Mousquetaires, il trace les grandes lignes du futur proche.
« Ici, il n’y aura pas d’adhérent, donc je suis le directeur général ». Éric Peters est aux côtés de la directrice régionale de la branche alimentaire du groupement des Mousquetaires Caroline Nickler. Le binôme va dessiner l’avenir du nouvel Intermarché de Chaumont. « Initialement, on nous avait annoncé le début janvier, puis ça a été le 2 novembre… ». Finalement, c’est samedi soir (30 septembre, NDLR), qu’ils « ont eu les clés du magasin ». Pour cette première vague de cession, 60 % des points de vente sont déjà affectés. Facile, même. « Postulants compris » – c’est-à-dire candidats tout juste sortis de stage inclus. Des dix points de vente « de 1 200 à 5 500 m2 » concernés par la cession du groupe Casino au groupement des Mousquetaires dans le Grand Est, trois n’ont pas été « affectés », dont Chaumont.
Personnel « repris » : précision
« L’Autorité de la concurrence rendra son avis après ». Éric Peters insiste : il sera « souverain ». Tout en augurant de sa teneur : « on ne sera pas dans un abus de position dominante », détaillant ainsi le « Avec Chaumont, il n’y aura pas de problème » prononcé lors de la communication nationale du groupement lundi 2 octobre. Dans le magasin nouvellement investi par Intermarché, il y a 70 salariés. Dont Éric Peters dit spontanément qu’ils auront besoin de « se remettre de la brutalité » de cette cession et du rythme auquel elle est menée. Reste qu’il glisse que « l’accord ne prévoit pas le maintien du régime Casino pendant 15 mois. Maintenant, on est patron chez soi ». Précisément, « pendant 15 mois, ils conserveront les avantages Casino ».
Reprise en main éclair
« Ici, commercialement, le magasin était moribond ». S’il restait un cadre, les rayons se vidaient. C’est le groupement des Mousquetaires qui a tenu à réduire au maximum le temps de fermeture. « Le client a toutes les cartes de fidélité… il est en réalité infidèle ». En clair, prendre possession des lieux en quinze jours visait à minimiser le temps pendant lequel les clients iraient inévitablement ailleurs. Après des jours et des jours pendant lesquels l’offre de produits en rayon n’avait cessé de fondre.
« On construit, on ne détruit pas »
« Lundi 16 octobre, on aura deux magasins Intermarché ». Oui, convient Éric Peters, ici, « l’autre » est « en face », rendant le cas de Chaumont « un peu atypique ». Si « le bon sens veut qu’il sera compliqué de garder les deux », le directeur général comprend que l’adhérente (du « petit Intermarché », NDLR) en conçoive de l’inquiétude. « Elle a été mise au courant en même temps que nous, qu’elle ne comprenne rien, c’est une réaction plutôt saine ». Et de soutenir que « quelles que soient les transformations qui seront opérées, jusqu’à la fin de l’année, il y aura deux Intermarché ».
Et après ? L’hypothèse d’un passage du « petit Intermarché » sous enseigne Netto reste une hypothèse sérieuse. « Un Netto, ce ne serait pas idiot », dit le binôme, « d’autant que (Netto) performe en ce moment », ajoute Éric Peters. Même si « ce qui fait mal, c’est d’ôter une enseigne Intermarché ». Certes, « quand on reprend un concurrent, c’est plus simple… », convient-il. Avant d’indiquer savoir que le temps de l’explication aux services de l’État et aux collectivités est proche. « Pour dire qu’on construit, qu’on ne détruit pas ». Une réplique du cas de Chaumont, « il n’y en a pas d’autre dans le Grand Est », répète-t-il.
Secret ou pas ?
« La clause de confidentialité est levée ». La directrice régionale Caroline Nickler assure que les adhérents Intermarché ne sont plus tenus par le document qu’ils ont signé au début de l’été les obligeant au secret sur les conditions de la transaction. Une libération qui pourrait mériter des nuances. Éric Peters le martèle : tout sera bien entendu effectué dans les règles.
Avec ou sans GPL ?
La direction nationale du groupement des Mousquetaires se serait un peu emballée en fixant la date d’ouverture de la station-service au jeudi 5 octobre. La livraison des carburants reste toutefois pour l’heure bel et bien fixée à mercredi 4 octobre, indique Caroline Nickler. Il n’est pas exclu cependant qu’ « il y ait un problème de mise en conformité avec le GPL », nuance juste le directeur général.
Question de management
« Les équipes sont favorables à fournir leur aide », salue Éric Peters. Caroline Nickler souligne d’ailleurs que le pot offert lundi 2 octobre au personnel de l’ex-Géant Casino a été fort goûté. Logique pour Éric Peters : « entre un groupe intégré et un groupement d’adhérents, il y a une différence ». Qui tient donc à la distance entre l’exécutif et les employés, réduite dans le deuxième cas.
« La cafétéria, ce n’est pas notre priorité »
« Casino nous interdit de faire des travaux d’ici au 16 octobre ». Aussi, les personnes qui sont mobilisées pour effectuer la transformation -il y en aura jusqu’à une centaine – rafraîchissent aujourd’hui le magasin. Un état des lieux co-mandaté par les deux parties concernées par la transaction a été dressé avant d’entrer. Verdict rapporté par le binôme : « c’est hyper vieux, mais c’est correct ».
Si ce changement de propriétaire se concrétise à la vitesse de l’éclair, Caroline Nickler et Éric Peters modèrent l’ardeur des annonces de leur direction nationale de lundi. « La cafétéria, ce n’est pas notre priorité ». Déjà, soutient Éric Peters, parce que « le commerce à l’étage, ça ne marche plus, c’est « has been » ». On commence donc par se concentrer sur le rez-de-chaussée. De nouveau, le directeur général tempère la pêche des déclarations de sa direction nationale sur le projet de mutation du bâtiment de l’ex-Géant Casino en pôle commercial. Reste que, oui, « la surface permet d’avoir des envies diverses et variées ». En réduisant la surface de vente. « On n’a pas forcément besoin de tous les 5 055 m2 ». Une tendance qui s’observe chez d’autres enseignes, qui se sont mises à préférer des points de vente de proximité à des hyper énormes.
« L’humain, c’est important »
« On doit mettre nos adhérents en situation de réussite. Ça doit être viable économiquement pour le couple qui prend un magasin, sinon, ça n’a pas de sens ». Éric Peters revient sur le cas du « petit Intermarché ». Et va plus loin : « si ça n’en avait pas, ça nous amènerait à réfléchir » . Et, avec Caroline Nickler, il s’attarde : « autrement, c’est notre responsabilité. L’humain, c’est important ». Sans pour autant « naturellement, donner de blanc-seing à de mauvais chefs d’entreprise ». Mais non, « il n’est pas admissible de vendre un projet bancal ». La propriétaire du « petit Intermarché » sera « prioritaire, surtout que là, c’est à côté, vraiment à côté ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr