“Démocraties bousculées”, l’édito de patrice Chabanet
Il est loin le temps (1990) où l’effondrement du communisme ouvrait grandes les portes de l’espoir démocratique. Aujourd’hui, il faut déchanter. Le virus de l’autoritarisme est tapi dans les replis des nouveaux régimes. Ainsi la Hongrie de Viktor Orban serre la vis des libertés individuelles. Mais ici ou là le vent de la contestation se lève. La Pologne nous en a donné hier un exemple spectaculaire. Un million de personnes ont défilé dans les rues de Varsovie pour protester contre les nationalistes eurosceptiques au pouvoir. Il n’est pas dit pour autant que ces derniers perdent les élections législatives dans quinze jours.En Slovaquie, le parti populiste qui vient de remporter les élections est plus radical encore : il est favorable à l’arrêt de toute aide à l’Ukraine. Une claque pour l’Union européenne et l’Otan et une satisfaction mal contenue pour les Russes. Ils piétinent, certes, mais ils instillent le poison de la division au sein de la coalition occidentale.Qu’on le veuille ou non, ces pays qui ne jouent pas le jeu de la solidarité devront être placés devant leurs responsabilités. Ils ne peuvent pas profiter des subsides européens et, en même temps, cracher dans la soupe. L’Italie de Georgia Meloni l’a compris. Elle n’affiche plus de proximité avec Poutine, à la différence de son allié Matteo Salvini.En attendant, la floraison des nationalismes n’est pas sans évoquer les années 30. Pendant longtemps, l’Allemagne nazie a eu les meilleures relations avec la Pologne. Un litige sur le couloir de Dantzig mit fin à cette idylle factice. On connaît la suite. Les nationalistes finissent toujours par se combattre.