Les premiers pas de Madame la sénatrice

Elue dimanche 24 septembre sénatrice de Haute-Marne, Anne-Marie Nédélec siégera pour la première fois au Palais du Luxembourg ce lundi 2 octobre à l’occasion de l’ouverture de la session où sera élu le président du Sénat. Déjà à Paris cette semaine, elle mesure le changement de vie qui l’attend et se confie.

Dimanche 24 septembre 2023, préfecture de Haute-Marne. Il est environ 18 h 30. Le président du tribunal judiciaire de Chaumont, Philippe Mathieu, micro en main annonce les résultats. « Sont élus sénateurs de Haute-Marne, Madame Anne-Marie Nédélec et Monsieur Bruno Sido. » Moins nombreux que le midi, à l’issue du premier tour, des dizaines d’élus sont encore là.

Quelques applaudissements retentissent. « Quel est le nombre de voix ? Peut-on avoir les résultats complets ? » Des voix percent le brouhaha. Philippe Mathieu reprend le micro et décline le résultat des sept candidats présents au deuxième tour. Le moment des félicitations arrive. Anne-Marie Nédélec est élue sénatrice de Haute-Marne, la première femme à l’être. Bruno Sido est reconduit, des élus qu’il connait depuis fort longtemps et qui lui sont restés fidèles viennent lui tendre une poignée de main chaleureuse. « Félicitations Bruno », lui glisse le maire d’Arc-en-Barrois, Philippe Fréquelin. Anne-Marie Nédélec, elle, a le droit aux embrassades. Elle se prête au jeu. Pour l’occasion, elle porte une belle robe à fleurs, « bleu, blanc, rouge ». « C’est de circonstance », sourit-elle.

Les appels sur son portable affluent, les SMS tombent. Gérard Larcher, Luc Chatel, Bruno Retailleau (président du groupe LR au Sénat), l’ancien préfet de Haute-Marne, Joseph Zimet viennent la féliciter dans les heures qui suivent son élection. Et puis il y a les gens de Nogent là où Anne-Marie Nédélec, née Chamarande, a grandi, « des gens de mon quartier de la génération de mes parents, ça m’a touchée. C’est toujours en de pareilles circonstances qu’on se dit que des personnes nous manquent, comme mes parents, ils auraient été fiers », confie Anne-Marie Nédélec qui a aussi échangé avec deux anciens maires de Nogent, Robert Henry et Michel Brocard.

La sénatrice : « Mon principal lieu de vie et de travail »

Mais l’heure n’est pas à trop de sentiments. Après avoir fêter l’événement dimanche soir, « on a bu un coup », dit la sénatrice, tout s’est enchaîné, « j’ai comme l’impression d’être dans un tourbillon », soulignait jeudi la maire de Nogent de retour depuis la veille en Haute-Marne. « Oui, à peine élue, le Sénat vous appelle. Il faut être à Paris de tout de suite, il a fallu réserver un hôtel, prendre les billets de train. » Tout s’enchaîne, « se précipite ». Mardi matin, Anne-Marie Nédélec franchit les portes du prestigieux Palais du Luxembourg. Elle n’est plus là en tant qu’invitée -en tant que présidente de l’association des maires de Haute-Marne-, « je réalise que ça va être mon principal lieu de travail et de vie », confie Anne-Marie Nédélec.

Alors émue ? Pas vraiment le temps visiblement. Là aussi, tout s’enchaîne, les huissiers du Sénat guident les nouveaux élus : séance photo, prise du son de la voix (pour faciliter la retranscription des débats), transmission du badge, de l’écharpe, de l’insigne, modules de formation notamment sur le recrutement des collaborateurs, puis premières réunions du groupe politique, Anne-Marie Nédélec siégera en tant qu’apparentée au sein de LR etc… « Je pense que je serai davantage émue le lundi 2 octobre lors de l’ouverture de la session à 15 h où il y aura notamment l’élection du président du Sénat », souligne la sénatrice de Haute-Marne.

Etre opérationnelle le plus rapidement possible

« Je vais bien tout observer. L’objectif est d’être opérationnelle le plus rapidement possible », souligne la sénatrice. La Chambre haute va attaquer sa session avec du « lourd » : la loi immigration, le budget de la sécu et le projet de loi de finances… Et même si c’est « un saut dans l’inconnu car c’est complètement différent de ce qu’on peut connaître », Anne-Marie Nédélec aborde ce changement de vie avec pragmatisme.

Le temps des passations

De retour en Haute-Marne dès jeudi, elle sait la tâche qui l’attend ici, « car le lien avec le territoire est primordial », est convaincue la sénatrice.

En Haute-Marne s’ouvre aussi pour elle le temps des passations mais qui doivent être bien organisées dans le temps. Elle quittera la mairie de Nogent (loi sur le non cumul oblige), elle quittera la vice-présidence du Conseil départemental mais restera conseillère départementale de Nogent, elle laissera aussi l’Agglo de Chaumont et devra passer la main dans quelques semaines à la tête de l’association des maires de Haute-Marne. L’émotion est peut-être davantage là : le fait de devoir tourner en partie la page des mandats locaux. Près de 35 ans d’engagement local ne peut s’effacer en 24 heures. A l’AMF 52, une haute pile de parapheurs l’attend. C’est que le congrès départemental a lieu le 7 octobre à Nogent. Son dernier congrès en tant que maire et présidente des maires de Haute-Marne, son premier en tant que sénatrice.

Céline Clément