La question corse – L’édito de Patrice Chabanet
Elle revient régulièrement sur le tapis. La question corse se résume à une seule question : quel statut pour l’île ? Indépendance ou autonomie ? Devant l’Assemblée de Corse à Ajaccio, Emmanuel Macron a livré le fond de sa pensée : oui à une autonomie qui ne soit « ni contre l’Etat, ni sans l’Etat ». Il a fourni aussi le mode d’emploi pour y parvenir : aux groupes politiques insulaires de trouver un accord avec le gouvernement de la République. Ils ont six mois pour y parvenir.
Le pari, puisque c’en est bien un, est loin d’être gagné. Mettre d’accord la classe politique corse tient de la performance. Entre les autonomistes et les indépendantistes les fractures sont larges. Qui plus est, un accord entre eux ne suffirait pas. Il devrait recevoir l’onction du Parlement français, à savoir l’assentiment des trois cinquièmes des parlementaires.
Il ne faut pas rêver, la question corse fait remonter à la surface le vieil antagonisme entre jacobins et girondins. Les tenants d’une centralisation à la française, à gauche comme à droite, craignent que l’autonomie de certaines régions provoque la dislocation du pays. Ce ne sont pas les revendications autonomistes qui apparaissent en Bretagne, en Alsace et au Pays basque qui vont les rassurer.
Les Français supportent de moins en moins le centralisme parisien mais, dans le même temps, ils voient d’un mauvais œil la ré-émergence de chapelles régionales. Le projet présidentiel risque donc de faire pschitt. La question corse n’est pas seulement politique. Elle s’enracine aussi dans un tréfonds culturel.