Clairvaux, qui vit ses dernières heures comme prison, n’oubliera jamais
Le 1er octobre 2023, le ministère de la Justice rendra, après 215 années de présence, les clés de la maison centrale de Clairvaux à son homologue de la Culture. C’était donc ce 22 septembre 2023 la dernière cérémonie d’hommage aux personnels morts en service avant la fermeture de l’établissement. Mais le rendez-vous annuel du souvenir restera maintenu.
Après 215 années d’existence en tant que prison, Clairvaux s’apprête à connaître une nouvelle vie. Le 1er octobre 2023, le Garde des Sceaux remettra officiellement les clés de la maison centrale de Clairvaux à la ministre de la Culture. Pour l’heure, une poignée de personnels, sous la direction de Cédric Esteffe, assurent une présence de l’administration pénitentiaire dans l’ancienne « plus grande prison de France », même s’il n’y a plus de détenus depuis le 25 mai. Ces agents étaient donc présents, au côté de collègues venus de toute la région, mais également d’anciens surveillants et membres de leurs familles, pour la traditionnelle cérémonie d’hommage aux personnels de Clairvaux morts en service.
Désormais instituée à l’échelle nationale par décision du ministre Eric Dupont-Moretti en mars 2023, la date du 22 septembre résonne avec encore plus de force dans ces confins de l’Aube et de la Haute-Marne. Les 21 et 22 septembre 1971, le surveillant Guy Girardot et l’infirmière Nicole Comte périssaient victimes de leur devoir lors d’une tentative d’évasion à Clairvaux. Vingt et un ans plus tard, le Haut-Marnais Marc Dormont, qui repose à Thilleux, était tué par un détenu.
« Caricatures »
Si Clairvaux, abbaye transformée en prison en 1808, va fermer ses portes, le souvenir de ces trois collègues tragiquement disparus, rappelé par une stèle, ne s’effacera jamais. Venu tout droit de Paris, le directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Ridel, l’a rappelé durant son discours : « J’ai souhaité que cette stèle demeure dans cette enceinte. L’an prochain, il y aura une cérémonie d’hommage. »
Ce lieu du souvenir, où viennent d’être ajoutés les noms de deux surveillants décédés en service au XIXe siècle, Pierre-Etienne Delacelle (en 1831) et Eugène Isselin (en 1886), restera à jamais comme le symbole du dévouement des agents de l’administration, ciblés, a dénoncé Laurent Ridel, par des « amalgames, des caricatures, des critiques faciles exprimés par ceux qui ne vous connaissent pas, ne veulent pas vous connaître – tant pis pour eux ».
Représentants de l’amicale de la pénitentiaire, de la maison centrale, de l’Etat, mais également élus comme Stéphane Martinelli, certes venu en voisin de Rennepont mais présent également au titre de président de Troyes-Champagne Métropole, ont ensuite déposé des gerbes de fleurs. Pour la dernière fois dans un établissement en activité.
Lionel Fontaine