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tribunal judiciaire de Chaumont : pédopornographie

La mort ne vient pas seule

tribunal judiciaire de Chaumont : pédopornographie

Tribunal correctionnel. Les retrouvailles entre copains de CFA ont viré au drame. Le 13 février 2023, sur la sinueuse route desservant la commune de Neuilly-sur-Suize, un véhicule utilitaire percutait une Citroën Saxo occupée par deux passagères. Bilan ? Une femme décédée. Et une enfant traumatisée.

La nuit est tombée le 13 février 2023, passagère d’une Citroën Saxo conduite par une amie de la famille, une enfant de dix ans distingue, au loin, la lueur de phares, il est près de 20 h, le choc est soudain, violent, meurtrier. Un véhicule utilitaire engagé sur la D 143 dans le sens Neuilly-sur-Suize-Chaumont est entré en collision avec la citadine. L’enfant parvient à s’extirper du véhicule par une fenêtre. Rapidement arrivé sur les lieux, le père de la fillette prodigue les premiers secours à la conductrice de la Citroën Saxo avant l’arrivée des sapeurs-pompiers. Des signes de vie, quelques mots. Un massage cardiaque. Et puis, plus rien, le silence. Nicole Chrétien avait 61 ans. L’enfant ? Elle est là. Saine et sauve ? « Traumatisée ». Comment oublier ?

Les policiers procèdent rapidement aux interpellations des deux hommes circulant à bord du Peugeot Partner. Propriété de Lucas R, l’utilitaire était conduit par Willy Bouvier *. De rapides investigations permettent d’établir que le quadragénaire n’est plus titulaire du permis de conduire depuis 2015. Un contrôle d’alcoolémie, contesté par la défense (lire par ailleurs), fait par ailleurs état d’un taux de 0,56 gramme d’alcool par litre de sang.

« Quelques bières »

L’enquête permit de lever le voile sur les heures précédant de ce drame. Le jour des faits, Lucas R et un ami partagent une bière avant de contacter via Snapchat Willy Bouvier. Ce dernier boit une anisette « dans la caravane de ses parents ». Les trois hommes se rejoignent devant Géant Casino. Lucas R achète « un pack de six » et convie ses amis à son domicile. Et puis… « Un ami de collège nous a proposé de venir boire un verre, nous sommes partis à Neuilly-sur-Suize ». Lucas R prend le volant de son véhicule en compagnie de Willy Bouvier. Leur ami prend sa voiture. Preuve d’un certain contexte, arrivé à Neuilly-sur-Suize, cet homme percutera le portail du voisin de son hôte. Les quatre amis boivent « quelques bières » dans le garage attenant au domicile d’un homme qui, bienveillant, proposera à Lucas R de dormir sur place. Et pour cause… « A Neuilly, j’ai bu deux bières de 50 cl, l’alcool est monté d’un coup, je ne me sentais pas en état de conduire ».

Sans permis depuis huit ans

La suite ? Willy Bouvier prit le volant. Le prévenu a été condamné pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique et refus d’obtempérer en 2006, nouvelle condamnation pour alcool au volant en 2008, récidive de conduite sous l’emprise de stupéfiants en 2015, le père de famille, par ailleurs condamné pour association de malfaiteurs dans le cadre d’une affaire de trafic de stupéfiants, est visé par une annulation de son permis de conduire depuis huit ans. Quitte à nourrir le doute, le prévenu l’assure. « Je n’avais pas conduit depuis 2015 ! » Willy Bouvier se sentait toutefois « capable de conduire ». La suite ? « Nous discutions, je me suis légèrement déporté, j’ai redressé, j’ai vu la voiture au loin. (…) J’avais peut-être mes pleins phares, la personne a peut-être été éblouie, mais j’étais dans ma voie au moment de l’impact ».

« Perte de contrôle »

Constations et expertise renvoient à une réalité contraire. Un expert a conclu à une « perte de contrôle » du Peugeot Partner. La vitesse de la Citroën Saxo était comprise entre 36 et 44 km/h au moment de l’impact, celle du véhicule utilitaire oscillait entre 71 et 79 km/h. Comme le souligna Me Grosjean, « la vitesse était de 90 à 110 km/h » au moment d’une perte de contrôle intervenue sur une route sinueuse. Le conducteur de l’utilitaire est bel et bien à l’origine de l’accident.

Déclaré coupable d’homicide et de blessures involontaires, Willy Bouvier a été condamné à quatre ans de prison ferme dont 24 mois assortis d’un sursis probatoire comprenant différentes obligations.

T. Bo.

* Conformément à une règle interne à la rédaction, seules les identités des prévenus condamnés à une peine de prison ferme sont mentionnées dans nos colonnes.

Complice ? Relaxé !

Lucas R était poursuivi pour complicité d’homicide et de blessures involontaires. Le prévenu aurait sciemment confié son véhicule à un homme dont il ne pouvait ignorer l’état d’ivresse. Le quadragénaire, jusqu’alors inconnu de la justice, savait-il, par ailleurs, que Willy Bouvier ne disposait pas de son permis de conduire ? « Il savait que mon permis était annulé, j’ai parlé de ma visite médicale », soutint Willy Bouvier. Parce que oui, au matin du drame, le principal mis en cause avait passé une visite médicale nécessaire à sa présentation à un examen du permis de conduire.

De nombreux éléments vont à l’encontre de la version de Willy Bouvier. « Je ne savais pas qu’il n’avait plus de permis », répéta Lucas R. Les deux amis avec qui les prévenus ont passé une partie de la journée ont également indiqué ne pas avoir eu connaissance de cette annulation du permis de conduire. Autre point. « Je venais d’acheter cette voiture, j’y tenais, je ne me sentais pas bien, je ne voulais pas conduire, mais je n’aurais pas laissé mes clés à quelqu’un d’ivre, il m’a dit qu’il était capable de conduire ».

Relaxé

« Les deux prévenus ont contribué à la mort d’une femme et au décès d’un enfant. (…) Monsieur R ne peut pas dire que le risque n’était pas présent », apprécia madame le procureur Pelletier avant de requérir une peine de dix mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende à l’encontre du supposé complice. « Après l’accident, Willy Bouvier dit à mon client, “Je suis dans la merde, je n’ai pas le permis” ! (…) Monsieur R n’aurait pas laissé les clés de son véhicule en sachant que Willy Bouvier n’avait pas le permis ». Après avoir rappelé que l’état d’ivresse de Willy Bouvier prêtait à débat (lire par ailleurs), Me Alfonso appela à la relaxe de son client. L’avocate fut entendue.

Alcoolisé ?

Quel était le degré d’imprégnation alcoolique de Willy Bouvier au moment de l’accident ? Me Tribouley souleva deux exceptions de nullité. Un contrôle réalisé à l’aide d’un éthylomètre à 23 h 08 aurait révélé un taux d’alcoolémie de 0,56 gramme d’alcool par litre de sang. « Nous n’avons aucun élément sur ce contrôle, pas même une indication sur l’équipement utilisé », nota l’avocate de la défense. Un prélèvement sanguin a été opéré à 22 h 30, 38 mn avant le contrôle contesté par Me Tribouley. Un laboratoire a conclu à un taux de 1,06 gramme d’alcool par litre de sang. « Une telle distorsion entre les taux est impossible ! » Autre difficulté, majeure. La défense n’a pas été informée du retour de cette analyse sanguine. Willy Bouvier n’a pas pu faire valoir son droit à solliciter une deuxième analyse dans le délai imparti. Unies, Me Tribouley et Alfonso pointèrent une « atteinte manifeste aux droits de la défense ». Cet argument fut entendu, le tribunal excluant la circonstance aggravante relative au supposé état d’ivresse du condamné.

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