L’apothicairerie de Joinville, ce patrimoine sauvé des flammes
C’est un élément secret du patrimoine de Joinville. Deux salles et des trésors, classés monuments historiques. L’apothicairerie de l’hôpital de Joinville, sise dans l’enceinte de l’établissement toujours en activité, fait partie de ces lieux rares et riches qui témoignent de l’histoire locale.
Fondée en même temps que l’hôpital Sainte-Croix de Joinville, en 1567, par Antoinette de Bourbon, veuve du duc de Guise, Claude de Lorraine, l’apothicairerie est abritée dans le bâtiment visible depuis la rue de la Pitié. Elle se compose de deux salles, l’une dédiée à la préparation des remèdes, l’autre au stockage et à la conservation. Ce sont aujourd’hui plus de 230 pots qui sont encore conservés.
On y retrouve les traditionnels pots canon, mais aussi des chevrettes et thériaques, en faïence, servant alors à contenir les liquides ou onguents, datant du XVIIIe et XIXe siècles notamment. L’on découvre aussi un mortier et une balance d’apothicaire, tellement précise dans la mesure que son nom a donné naissance à l’expression « faire des comptes d’apothicaire », ou encore un pilulier d’époque. Dans la première salle, s’exposent un alambic, de la vaisselle d’autrefois, en étain, réservée aux malades, ainsi que de précieuses bouteilles du XVIIe siècle soufflées main.
L’huile des petits chiens… avec de vrais petits chiens !
Au cours des visites guidées menées par la médiatrice du patrimoine de Joinville, Julie Piront, on apprend notamment que « l’huile des petits chiens » se préparait réellement… à base de chiens nouveau-nés, découpés en morceaux et mêlés à des vers de terre puis bouillis pendant deux heures. On prêtait au liquide ainsi obtenu des vertus pour soulager les sciatiques et remédier aux paralysies. De même que l’introduction d’un doigt blessé par un panaris dans l’oreille d’un chaton pendant 15 minutes environ, aurait permis de faire fuir la douleur.
En 1916, tout ce patrimoine a bien failli disparaître, emporté par un terrible incendie. Une grande partie de l’établissement était alors partie en fumée, de même que l’imposante chapelle et la salle des malades. Si la façade a été conservée, elle est aujourd’hui classée monument historique elle aussi. Elle répond également au même dispositif que les hospices de Beaune et reste la propriété de l’hôpital. Voilà pourquoi elle vient seulement de rouvrir ses portes, après quatre années de confinement strict, lié à la pandémie de Covid.
Delphine Catalifaud