Cuisine politique – L’édito de Christophe Bonnefoy

Qu’on se le dise : en cette période de crises multiples, le salut viendra de la merguez. Et vegan, s’il vous plaît !
Derrière la douce ironie qu’on pourrait sentir poindre dans les quelques mots qui précèdent, rien que de très sérieux pourtant. En tout cas chez les participants à la traditionnelle Fête de l’Humanité, qui ont fait de la “saucisse épicée” (mille excuses aux puristes), sinon un argument marketing, a minima un marqueur très politique. Le sandwich bien franchouillard – on ne mange pas de caviar à la Fête de l’Huma, ou pas en public ! – reste l’une des marques de fabrique de la manifestation. Mais sans viande, s’il vous plaît !
Priorité très décalée par rapport à l’actualité internationale ? Voire franco-française, avec des prix qui flambent et des porte-monnaie à sec, principal souci de nos concitoyens ? Que nenni, vous dit-on ! Le stand tenu par l’association de défense de la cause animale, L214, n’a jamais désempli. Et personne n’est à court d’argument, évidemment. Vive la réponse adaptée à l’urgence climatique ! Vive les bons sentiments ! Et vive l’écologie, finalement !
Puisqu’on parle d’écologie, nous revoilà très vite sur la question politique. On sourit. Pas parce que la cause vegan serait à moquer absolument. Mais parce qu’il en est deux qui risquent de ne pas partager systématiquement la même cantine. On se souvient de la sortie de Sandrine Rousseau sur l’entrecôte au barbecue et le supposé symbole machiste. Mais aussi, à l’inverse, de celles du communiste Fabien Roussel sur la bonne bouffe. Et la bonne vieille côte de bœuf, forcément.
Anecdotique, la merguez ? Pour le coup, gentiment révélatrice des tensions à gauche. Mais accessoirement, qu’en diront nos éleveurs ? Censés représenter, eux aussi, un potentiel électoral non négligeable, ils apprécieront… ou pas.
c.bonnefoy@jhm.fr