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A la Révolution (3/3) : la manufacture de lames de sabre

La manufacture 
est établie 
en l’église Saint-Germain.

Thomas Morisot, directeur adjoint du musée, poursuit sa plongée dans l’époque révolutionnaire dans des lieux qui s’ouvrent aujourd’hui dans le cadre des Journées du patrimoine.

La France est en guerre depuis le 20 avril 1792. Le conflit s’intensifie avec la proclamation de la République et le guillotinage de Louis XVI, poussant d’autres monarchies à se coaliser. Le Comité de salut public ordonne pendant l’été 1793 le triplement de la production d’armes, qui était jusque-là assurée majoritairement par une grande manufacture de sabres située à Klingenthal en Alsace, comptant un peu plus de 100 ouvriers. Klingenthal ne pouvant satisfaire une telle demande, le citoyen Nicolas Pradier, inspecteur et contrôleur des armes blanches à Paris, est envoyé à Nogent et Langres – villes réputées pour ses couteliers – afin d’y établir des manufactures de lames de sabre.

Pradier arrive à Nogent, le 5 septembre 1793. On fait lecture publique des arrêtés du Comité « tant à Nogent-le-Haut qu’à Nogent-le-Bas afin à ce que personne n’en ignore ». Des réquisitions sont faites le 4 octobre « chez les marchands, fabricants et autres citoyens de ce lieu » afin d’obtenir les outils et la matière première nécessaires. Une commande de 15 000 sabres de cavalerie est passée à Nogent, et pour mener à bien cette opération, six Nogentais sont soumissionnés.

Quelque 82 heures de travail par semaine

Le 29 novembre, la municipalité choisit d’établir la manufacture au sein de l’église Saint-Germain. A cette fin, un mur est construit de façon à séparer le chœur de la nef, tout en laissant un accès au chœur depuis la porte latérale. Les bancs de l’église sont entreposés dans ledit chœur en attendant d’être vendus, et on abat la galerie qui se situait à l’entrée principale de l’église car trop vétuste et menaçante. La production débute fin décembre 1793. Pour la faciliter, le Comité de salut public va éditer un ouvrage décrivant les procédés de fabrication de sabres et des baïonnettes à Klingenthal. Le 17 février, 23 jeunes sont dispensés d’aller sur le front au profit de la manufacture. Preuve de l’urgence, Jean Jolivet, serrurier à Andelot, se voit proposer par la justice de travailler à la manufacture plutôt que d’être incarcéré. A partir de mars, le district de Chaumont demande à ce que l’on fabrique aussi des baïonnettes et « met en réquisition […] tous les ouvriers de cette commune qui font état de se livrer à ce genre de travail ». Ce n’est pas sans peine que la municipalité va réussir à trouver des ouvriers qualifiés. En effet, les plus propres à la tâche sont déjà réquisitionnés pour fabriquer des lames de sabre et il faut aussi trouver un personnel capable de produire les outils spécifiques à la conception de baïonnettes. C’est ainsi que le 9 mai, la municipalité publie une liste de 77 ouvriers sélectionnés.

Par ailleurs, les Nogentais réquisitionnés à la manufacture ne semblent pas prompts à mener leur mission, se reposant les dimanches, les décadis (dixième et dernier jour de la semaine du calendrier républicain), ainsi que les jours de fête de l’Ancien régime. Cette “oisiveté” oblige la municipalité à émettre un arrêté, le 7 mai, réglementant les conditions de travail : est stipulé que les ouvriers travailleront de 5 h du matin à 7 h du soir avec une pause d’une heure pour leur repas, tous les jours de la décade à l’exception du dernier… Soit une moyenne de 82 heures de travail par semaine !

A l’occasion des Journées européennes du patrimoine, des visites guidées seront proposées au sein de l’église Saint-Germain, à partir de 14 h. Par ailleurs, un modèle de sabre issu de cette manufacture est désormais exposé au Musée de la coutellerie, gratuit pour la journée.

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