Double peine – L’édito de Christophe Bonnefoy
Dans quelle société vit-on, pour que des parents – et a fortiori des enfants – voient dans le collège ou le lycée le lieu d’une potentielle souffrance ? Souffrance morale, souffrance physique, lorsque le spectre du harcèlement se fait prégnant… L’école, un sanctuaire. C’est ce qu’elle devrait être. Elle ne l’est visiblement pas totalement.
Le cas précis – et pas si particulier finalement – du garçon qui s’est suicidé il y a quelques jours à Poissy est révélateur des manques qui peuvent mener au pire. Les détails de l’affaire – et les raisons profondes de la mort du jeune homme – restent flous. Plus précis et tangibles sont en revanche les faits : les parents ont dénoncé un harcèlement. Ils ont rencontré le proviseur de l’établissement de leur enfant. Puis se sont offusqués que rien ne bouge. Pour recevoir, en unique réponse, un courrier accusateur du rectorat, aussi vindicatif que violent à l’attention de ceux qui allaient perdre la chair de leur chair. Une double peine pour eux, en définitive.
A chaque histoire, son scénario, sa différence. Mais toujours une même trame. Des victimes qui souffrent et dont on a parfois l’impression que la parole n’est pas ou mal écoutée. Des parents qui en arrivent à vouloir brusquer les choses pour couper court à des situations inacceptables. Et une Education nationale dont on ne peut évidemment soupçonner qu’elle se satisfasse de ne pas régler les situations, mais à laquelle on ne donne pas forcément tous les outils pour endiguer le mal.
Il y a pourtant urgence. Le harcèlement scolaire peut mener à la mort. Et quand bien même ça ne serait pas le cas – et heureusement ! -, il est systématiquement source de maux qu’on ne peut pas se permettre d’ignorer, le plus souvent par maladresse ou/et par manque de consignes et de procédures claires.
c.bonnefoy@jhm.fr