Pierre Hugues José, le talent fou
C’est la petite bête qui monte. Non, plutôt le rappeur qui est en train de gravir l’Everest. Allez, soyons un peu plus modestes (pour l’instant) : celui qui, tout en grimpant, aime nous faire découvrir les collines qui environnent Vesoul. A écouter d’urgence. Même quand on n’est pas fan de rap, d’ailleurs. Pas un savant fou. Mais un talent fou.
On peut prendre Pierre Hugues José par les deux bouts. Et voilà, on vient précisément de tomber dans cet humour que l’artiste affectionne tant. Souvent absurde, toujours drôle. Et pour le coup, en ce qui le concerne, loin d’être idiot. Et parce que le garçon est immensément doué, il n’est pas qu’à prendre au millième degré. Ses mots, couplés à sa musique, font mouche.
Et pour cela, il suffit de l’écouter. Et de le voir. Sur scène. C’est ce qu’il advint, un jour de mai 2023 au festival Rolling Saône à Gray. L’extra-terrestre se présente au public. Ceux qui le connaissent savourent déjà. Les autres ne mettront que quelques minutes à comprendre qu’ils ont affaire à un sacré phénomène. Jusqu’à s’imprégner totalement de l’ambiance. De l’humour. Du rythme. Et du talent, disons-le carrément.
Trublion
Bon, les deux bouts, disions-nous. Pierre Hugues José est neurophysicien. Vraiment. Pas pour rire. C’est un peu ce qui fait sa particularité. Enfin, celle que les médias aiment mettre en avant – lui aussi peut-être, d’ailleurs -. Mais son appétence pour la musique le fait bifurquer en 2021 pour tenter d’embrasser la carrière de trublion du rap. Bien lui en a pris. Depuis quelques mois, le voilà qui écume les scènes de l’Hexagone, preuve qu’il n’est pas qu’un original. Mais qu’il sait parfaitement se positionner artistiquement.
Sur scène donc. Premier constat : l’accent est à couper au couteau. C’est voulu. Ah, ce bon vieil accent franc-comtois ! La rampe de lancement pour chaque morceau chanté/joué devant le public. Pierre Hugues José nous parle de sa Délicieuse (sa “chérie” quoi !), de la Bouyave, de Vesoul évidemment, de Bananita, prend son air Méchant ou nous lance un Comment qu’c’est auquel nous, Haut-Marnais, ne sommes pas hermétiques, forcément. Il sait, aussi, devenir un peu plus grave lorsqu’il parle d’Adultère loose. Bref, jeu de scène, transitions bien pensées, alignement parfait des mots, look incroyable, art de la jonglerie intellectuelle font du garçon un personnage aussi attachant qu’à l’art accrocheur. On ne pourra que conseiller, d’abord de l’écouter, puis d’aller le voir sautiller en concert.
Ah oui, Pierre Hugues José, ça n’est pas seulement du rap. On prendra soin de suivre ses mini-sketches sur son compte Instagram, via ses Réels. Hilarant. On vous en reparlera sans doute, du garçon. Ou gageons, plutôt, que c’est lui qui viendra nous parler. De lui. Ou de la société et ses travers, comme il sait si bien le faire.
Texte et photos Christophe Bonnefoy