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Dans l’antre des Ogres

La joyeuse fratrie des Ogres de Barback sème la bonne humeur et la joie de vivre ensemble depuis plus de 15 ans. Petite merveille, le neuvième album du groupe emmène l’auditoire vers des terres lointaines. Docteur ès violoncelle, contrebasse et scie musicale, Alice livre la philosophie d’un groupe cultivant différence, talent et indépendance.

 

“Il y a des moments où l’absence d’ogres se fait cruellement sentir…” La phrase de maître Alphonse Allais colle à l’impatience d’agneaux et chérubins prêts à être dévorés. En 2OO9, enfants et parents chantonnaient à l’écoute de “Pitt Ocha au Pays des Mille Collines”, album pour enfants d’une petite famille aux inspirations singulières. Accompagné d’un live à l’Olympia immortalisé sur un DVD, le huitième album studio des Ogres de Barback marquait le début d’un nouveau chantier. Après avoir attendu le Printemps en errant de Rue Mazarine à la Rue du temps, les disciples des Ogres sont conviés à une douce et percutante invitation au voyage. “Comment je suis devenu voyageur” : le titre du neuvième opus de la famille Burguière exclut tout usage d’une forme interrogative.

Pérégrinations et rencontres rythment la vie de quatre frères et sœurs défilant dans les squats et salles de France et d’ailleurs depuis 17 ans. Alice, Mathilde, Fred et Sam ont vu du pays. Leur parcours renvoie aux nobles et fondatrices valeurs de l’échange et du partage. Quand de nombreux groupes essuient tempêtes et orages, les Ogres de Barback profitent de la quiétude des golfes clairs. «Nous n’en sommes pas vraiment certains, mais a priori, être frères et sœurs est une force, souligne Alice, Docteur ès violoncelle, contrebasse et scie musicale. Nous ne vivons pas de grosses embrouilles comme il peut y en avoir dans d’autres groupes lorsque des membres ne souhaitent pas aller dans la même direction. Nous sommes unanimes sur certains points, notamment sur les principes d’indépendance et d’autoproduction. Cette volonté nous a amenés à créer un label et à tout gérer nous-même. Cette indépendance est une force, nous pouvons monter nos projets comme nous l’entendons.»

«Libres, vraiment libres»

Le label Irfan fait office de modèle alternatif de développement à l’échelle européenne. En affirmant différence et indépendance, les Ogres de Barback ont coulé les fondations de leur liberté. «Nous devons jongler avec certains impératifs qui se résument le plus souvent à des problèmes d’argent, note Alice. Nous parvenons à faire ce que nous souhaitons, mais nous devons respecter une certaine logique. Nous avons parfois envie de faire n’importe quoi, de sortir trois albums d’un coup… Nous ne pouvons pas ! Il faut laisser une certaine période entre chaque album pour qu’ils puissent vivre. Le calendrier que nous nous fixons n’est pas très contraignant. Nous sommes libres, vraiment libres !»

Cette réussite est née d’une véritable aventure humaine. Les musiciens ne sont pas seuls. «Nous avons monté ce label avec des amis, indique Alice. Au total, onze personnes collaborent au label. Des personnes travaillent toute la journée, nous, nous sommes avant tout musiciens. Nous participons à beaucoup de réunions afin d’être en osmose. Nous avons délégué beaucoup de choses à nos potes.»

Transpirant l’ouverture sur autrui, cette privauté bien ordonnée se ressent sur scène où les Ogres de Barback excellent. Mises en scène et textes renvoient à des valeurs fondamentales sans jamais atteindre les monologues de Sanseverino et autres politicards des planches. «Nous nous exprimons sur scène comme nous nous exprimons dans la vie de tous les jours, nous n’avons donc pas à faire d’efforts, souligne Alice. Nous n’avons jamais été donneurs de leçons, mais nous aimons parler de la vie quotidienne, de ce que nous observons. Nous n’avons jamais chanté pour un parti. Nous avons joué à la Fête de l’Humanité, comme de nombreux groupes. Mais nous avons également joué à la fête organisée par Lutte ouvrière. Tout ça n’est pas très clair ! Les Ogres ne se revendiquent pas d’un parti précis. Entre nous, nous ne sommes pas toujours d’accord même si la tendance est similaire. Il y a tellement de candidats de gauche et d’extrême gauche qu’il est difficile d’être sur la même ligne. Des sujets nous touchent et à travers les histoires que nous racontons sur scène, nous exprimons des sentiments, rien de plus !»

«Un album assez acoustique»

Les failles du système et les divisions nées d’un communautarisme outrancier ont poussé la famille Burguière à se nourrir de l’innocence de l’enfance. Deux albums destinés aux petites têtes de toutes teintes ont marqué l’aventure des Ogres de Barback. «Le premier album découlait d’une volonté de chanter pour les enfants… A une période où nous avons nous-mêmes eu des enfants, glisse Alice. Dans le deuxième album, nous avons tenté de faire passer un message d’ouverture vers les autres. Apporter ce contenu à des enfants dès leur plus jeune âge me semble important. Nous nous sommes naturellement tournés vers les musiques du monde.»

Neuvième opus du groupe, “Comment je suis devenu voyageur” est de la même veine. «Le nom de l’album renvoie à l’ouverture sur le monde, souligne Alice. Nous voulions que notre album ressemble à un voyage, à un grand carnet de route… Musicalement, nous avons souhaité revenir à retour aux chansons datant de dix ou douze ans avec un album assez acoustique. Nous avons également ajouté des nouveautés en mettant en avant de nouveaux instruments.»

Curieux et auditeurs avertis salueront la présence d’un jeune batteur. A 15 ans, Léo a décidé de rejoindre les membres de la fratrie. «Notre petit frère est batteur, confirme Alice. Ça tombe plutôt bien dans le sens où nous n’avons pas de batteur ! Il avait envie de jouer avec nous, il nous en avait parlé et il a pu enregistrer deux morceaux en studio avec nous.» Le choix de la batterie révélerait-il une profonde envie de rejoindre le quatuor aux mains d’or ? «Il a choisi un des instruments manquants ! Est-ce un hasard ? Je ne peux pas vous répondre, confie Alice. Il a touché un petit peu à la guitare et au piano, mais il se concentre désormais sur la batterie.» Et bien lui en prend !

«Nous existons grâce à notre public»

Avec 550 000 CD et DVD vendus, plus de 1 500 concerts à l’Olympia ou au plus profond de la France rurale, les Ogres de Barback ont acquis une véritable notoriété. Une dimension étrangère aux médias de masse… «Nous n’avons jamais été très médiatisés, c’est grâce à notre public que nous existons et il est de plus en plus nombreux depuis quinze ans, se réjouit Alice. Nous ne passons jamais à la radio et à la télévision, mais les spectateurs ont toujours envie de venir nous voir. Nous les remercions en essayant de créer de nouvelles choses à chaque tournée afin de ne pas les décevoir.»

Le désintérêt des médias prête parfois à une certaine lassitude. «Ça dépend des jours, commente Alice. Nous ne courrons pas après les médias, mais il nous arrive de nous dire “il n’y a rien à faire, nous nous y arriverons jamais”, ne serait-ce que réussir à passer sur France Inter. Dans le fond, nous n’avons pas besoin d’eux ! Il est difficile d’expliquer le désintérêt des médias. On nous apporte des réponses. Nous savons par exemple que les cadres de France Inter n’ont même pas écouté la fin de notre première chanson. A priori, ils n’aiment pas le style. Nous n’en saurons pas plus !»

L’amour des voyages, des rencontres et de la scène mènera frères et sœurs de Bruxelles à Nice. Les Haut-Marnais auront le suprême privilège de prendre place dans l’antre des Ogres le 2 juin prochain, dans le cadre du festival “Au fond du jardin du Michel” organisé à Bulligny. «Nous avons préparé une grosse mise en scène, avec un beau décor et un acrobate, dévoile Alice. Pas mal de surprises attendent les spectateurs, il se passe des choses pendant le concert !» Il ne pourrait en être autrement au pays des Ogres.

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