L’âge d’or de la coutellerie langroise
Les murs ont la parole. Si le nom de Nogent résonne dans les esprits comme une référence prestigieuse en matière de coutellerie, saviez-vous qu’hier aussi, à Langres, nombreux étaient les maîtres couteliers qui exerçaient leur art sur le rocher… Retour sur cette page de l’histoire locale.
Au début du XVIIIe siècle, Langres compte 8 000 habitants. Parmi ses artisans, des orfèvres, tanneurs, imprimeurs et couteliers. Il faut dire que la coutellerie est une tradition attestée dès 1454 dans la cité. Mais c’est le XVIIIe siècle qui est considéré comme son âge d’or. On recense alors jusqu’à 80 maîtres couteliers regroupés en une puissante corporation. Parmi eux, un certain Diderot !
Ce n’est pas de Denis dont nous parlons mais de Didier, son père. Ce dernier est installé sur l’actuelle place Diderot. La Maison des Lumières expose l’une de ses créations. Il s’agit d’un couteau à deux lames reliées par un manche plaqué de nacre qui porte l’inscription « Diderot à Langres ». Didier était réputé pour ses instruments de chirurgie et ses couteaux estampés de la marque « à la Perle ». Chaque coutelier disposait ainsi de sa propre marque, un bâton royal pour Beligné, coutelier du roi depuis 1750, une coupe pour Desgrey…
Les couteliers portaient une grande attention à leurs enseignes, comme en témoigne celle de François Carizel, à la tête de cerf. A cette époque, les habitudes de table se sont modifiées. La noblesse et la bourgeoisie réclament des services de plus en plus raffinés. Les couteaux de table présentent une grande variété de formes et de matières. Leurs manches sont réalisés en agate, en onyx ou en ébène. L’ivoire et la nacre appartiennent aux services les plus luxueux. L’usage voulant que chacun ait son propre couteau en poche, les couteaux fermants sont très recherchés. Pour les ouvrages communs, le coutelier utilisait de la corne, de l’ébène, du buffle. Les couteaux à plusieurs lames étaient courants, avec des couteaux à deux lames opposées, une en acier et une autre en métal noble pour les fruits, ou des couteaux d’amis,car ils se séparent en deux pour être prêtés à un compagnon.
A partir du XVIIe siècle, des contraintes économiques et sociales conduisent les couteliers à s’établir dans le bassin nogentais. Pour retrouver ce savoir-faire, poussez les portes du Musée de la coutellerie à Nogent et admirer ensuite ses merveilles contemporaines chez nos artisans couteliers…
De notre correspondante Angélique Roze