Fragile décrispation – l’édito de Patrice Chabanet
La vérité oblige à dire que la réunion organisée par le chef de l’Etat avec les chefs de partis a été plus apaisée que prévu. Même les irréductibles de la Nupes qui avaient promis de boycotter le dîner sont restés. Douze heures de discussions jusqu’à très tard dans la nuit… Comme si notre pays redécouvrait les vertus du débat démocratique.
Discuter ne veut pas dire négocier. Concrètement, la réunion devrait se traduire par une « conférence sociale » sur les salaires inférieurs aux Smic. C’est peu et beaucoup à la fois. Mais pouvait-on attendre le grand soir après des années de désaccords constants entre majorité et oppositions ?
Joue-t-il en solo ? Bruno Le Maire a fait entendre sa petite musique en dehors de ce cénacle politique. Hier – la coïncidence de date n’est pas fortuite – le ministre de l’Economie a annoncé le blocage et la baisse des prix sur 5 000 produits de première nécessité. La préoccupation des Français reste en effet le pouvoir d’achat. Il est plus tangible que l’évolution des carrières. Or les chiffres du mois d’août montrent un léger rebond de l’inflation, imputable essentiellement au prix du carburant et de l’électricité.
Résultat : des signes de “déconsommation” apparaissent. Les consommateurs, y compris dans les classes moyennes, diminuent les quantités achetées et se font plus méfiants. De l’aveu même du ministre de l’Economie, certains industriels de l’agroalimentaire ne répercutent pas les baisses des matières premières, comme le blé par exemple. Il fallait donc redresser la barre. Sans délai. En deux jours industriels et distributeurs se sont mis d’accord à Bercy. Disons qu’ils n’avaient pas le choix.