La ligne rouge – l’édito de Patrice Chabanet 

Impossible d’engager la conversation sans parler de la canicule. Comment faire autrement quand les indicateurs s’affolent ? Les 40 degrés sont allégrement dépassés dans certains départements. Quatre d’entre eux viennent de passer en vigilance rouge. Un signal fort pour ceux qui voudraient encore croire que le réchauffement climatique est un simple épisode (il y en a encore…). Ce faisant, le gouvernement veut s’épargner une critique sur son incapacité à prévoir l’événement. L’environnement international fourmille d’exemples où les catastrophes naturelles entraînent dans leur sillage de violentes polémiques, souvent justifiées d’ailleurs. C’est le cas de Hawaï. Prévenue trop tard, la population n’a eu que ses yeux pour pleurer devant le spectacle ahurissant d’énormes incendies qui ont avalé forêts et habitations.

D’autres polémiques se profilent déjà. Faut-il augmenter certaines taxes – celle sur le kérosène par exemple – pour financer une transition écologique devenue urgente ? Le gouvernement ne semble plus l’exclure a priori mais se trouve prisonnier de sa promesse de ne pas toucher aux impôts… Il en est de la politique comme des vents tourbillonnants : l’imprévu peut tout chambouler. Que tous nos partenaires soient confrontés aux mêmes dilemmes n’est pas une consolation. Plus préoccupant : l’accélération des dérèglements finit par rejoindre les prévisions les plus pessimistes des spécialistes. Et par prendre à revers toutes les constructions budgétaires et les discours rassurants qui les ont accompagnées.

p.chabanet@jhm.fr