Tester l’adversaire – l’édito de Patrice Chabanet
Pour le moment ce ne sont que des postures. Les Chinois ne ratent pas une occasion de montrer leurs muscles. Cette fois-ci, ils ont pris prétexte de manœuvres militaires pour provoquer leur adversaire favori, Taïwan. Le gouvernement de l’île a détecté 42 incursions d’avions militaires chinois. Ces intrusions ne doivent rien au hasard. Elles interviennent au lendemain d’une visite du vice-président taïwanais aux Etats-Unis. Pour Pékin, toute reconnaissance de l’indépendance de Taïwan vaut provocation. Pour les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, ce genre de réaction vaut aussi provocation.
Ces incidents ne sont pas nouveaux. Ils ponctuent l’actualité dans cette région du monde. Mais il serait naïf de les considérer comme des provocations sans lendemain. Insensiblement, la Chine durcit son vocabulaire et se fait plus menaçante. Elle insiste, par exemple, sur la capacité de son armée « à prendre le contrôle des espaces aériens et maritimes » et à manœuvrer « dans des conditions réelles ».
Pour le moment, les Etats-Unis qui entendent freiner les ardeurs belliqueuses de la Chine gardent leur sang-froid. Mais ces démonstrations de force avec des effectifs toujours plus importants augmentent le risque d’incidents majeurs. Comme si cette poussée de tension ne suffisait pas, la Corée du Nord entre dans la danse en dénonçant « l’intrusion d’un avion espion américain » sur son territoire.
Pour des raisons évidentes la guerre en Ukraine demeure la préoccupation principale des Européens. Mais le danger d’une conflagration générale se situe bien vers la mer de Chine. Ce qui explique au passage les réticences américaines à s’engager dans un conflit majeur en Ukraine.