Des ratés dans le moteur – l’édito de Patrice Chabanet
On connaissait l’adage « quand l’Amérique éternue, le reste du monde s’enrhume ». Cette fois-ci, c’est la deuxième économie mondiale, la Chine, qui inquiète. Les symptômes sont plus graves qu’un simple éternuement. Pêle-mêle : ralentissement de l’activité, développement du chômage des jeunes, exportations à la peine, immobilier en plein marasme, etc. Les causes sont multiples et interagissent. Eternelle logique de l’œuf et de la poule. Ainsi, pour prendre un seul exemple, la baisse d’activité impacte l’économie mondiale qui, à son tour, pénalise les exportations chinoises et ainsi de suite.
La réponse des autorités chinoises est plus idéologique que pragmatique. Elle peut même faire rire. Comment atténuer une pathologie embarrassante pour le PC au pouvoir ? Tout simplement en cassant le thermomètre, en l’occurrence en suspendant la publication des statistiques de l’emploi des jeunes.
De tous les maux qui fragilisent l’économie chinoise, le plus redoutable est celui de l’immobilier. Un géant, Country Garden, est en train de se noyer dans un endettement massif : plus de 150 milliards de dollars. Il s’ajoute à d’autres revers dans le secteur. On ne compte plus les programmes stoppés en plein vol, avec des milliers d’acquéreurs grugés. De nouveaux quartiers fantômes enserrent les grandes villes. Un retournement d’image spectaculaire : le temps de la désolation muette après des années d’opulence tapageuse.
C’est bien connu, tout régime confronté à des difficultés intérieures est tenté par une aventure extérieure pour fédérer le pays. On pense bien sûr à la reconquête de Taïwan. Dans un monde traversé par des convulsions, tout est possible.