Sur les traces de son grand-oncle mort au combat en 1943
Petit neveu de Peter Newland, décédé le 7 octobre 1943 lors du crash du Lancaster à Rachecourt-Suzémont, Ron s’est rendu sur les lieux, ce lundi 14 août. L’Australien et son groupe ont été reçus par la municipalité et le Club Mémoires 52. Un avant-goût des 80 ans très bientôt.
Lundi 14 août à Rachecourt-Suzémont, nous avons parlé anglais mais avec un accent australien. Le bourg d’une centaine d’habitants recevait une petite délégation venue du pays des kangourous, à l’approche d’un anniversaire historique : les 80 ans du crash d’un bombardier Lancaster DS689, abattu par la défense aérienne allemande. Ce 7 octobre 1943, huit soldats étaient à son bord : si deux d’entre eux en sont rescapés (Cyril J. Bettesworth et Joseph J. Beaton), les six autres sont décédés. Depuis, ils sont enterrés ensemble, dans un parterre indépendant au cœur du cimetière du village (alors Rachecourt-sur-Blaise).
Outre George Aldous, Glyndwr Davies, Francis-John Neal, Malcolm Summers et James Wilde, un certain Peter Newland fait partie des victimes. Originaire de la Rhodésie du Sud, l’officier pilote était âgé de 22 ans au moment des faits.
Flashback
Presque 80 ans plus tard, son petit-neveu, Ron Newland, a décidé de se rendre sur les traces de son ancêtre. Avec sa femme Leanne et quatre amis (Jeff, Donna, Steven et Jenny), il voyage cet été en Europe. Vingt-quatre heures plus tôt, le groupe se trouvait aux Pays-Bas : « Je ne pouvais pas manquer cette occasion de venir. Pour être honnête, j’ai même du mal à réaliser que je suis ici. C’est une sensation très spéciale de ressentir tout ce que mon grand-père m’a raconté », explique le militaire, en anglais. Pour l’occasion, le petit groupe a été accueilli par les membres du conseil municipal de Rachecourt-Suzémont et Joël Ecuvillon, du Club Mémoires 52.
Sur le plateau au lieu-dit “Le Roulard”, en plein milieu des champs, le temps est remonté 80 ans plus tôt. « C’est là que l’avion s’est crashé », précise Joël Ecuvillon en montrant 100 mètres plus loin un piquet en bois blanc qui le matérialise. Un symbole important que Ron Newland a voulu voir de plus près et toucher. Pour l’occasion, il a revêtu sa tenue de militaire et les deux médailles qui vont avec : « J’ai été soldat pendant 21 ans sur le terrain, avant de passer dans les bureaux également 21 ans, comme responsable logistique et mécanique. » L’armée, une affaire de famille pour les Newland.
Partage
Au cimetière de Rachecourt-Suzémont, un hommage collectif a été rendu aux six soldats. Le maire du village Stéphane Remenant et cinq des six Australiens ont déposé une croix devant la tombe de chacun des soldats. Exception faite pour Peter : Ron Newland a déposé une couronne de coquelicots entourant le portrait de son aïeul : « Les poppies (coquelicots) sont notre emblème pour rendre hommage aux personnes disparues. A Melbourne, le 25 avril pour l’Anzac Day, il y a des milliers de personnes qui se rassemblent, chacune avec des poppies. C’est pour honorer les militaires de la Première Guerre mondiale », raconte le militaire australien.
Le voyage des Australiens s’est poursuivi en mairie, avec une lecture par Ron Newland, retraçant l’histoire du crash et de son grand-oncle, avant l’élu et ancien militaire Gérard Hublot, ne se charge de la version française. Dans la foulée, Joël Ecuvillon a tenu à présenter l’exposition des 80 ans (lire ci-dessous) sur laquelle il a travaillé, épaulé dans sa tâche par Julie, une professeure d’anglais, pour traduire les conversations. « C’était vraiment un honneur pour nous de vous recevoir », clamait le maire Stéphane Remenant, en remettant à Ron un débris du Lancaster de l’époque.
Louis Vanthournout
Maquette bragarde et exposition locale pour le 80e anniversaire
Quelques semaines plus tôt, les membres de la municipalité et du Club Mémoires 52 se sont vus remettre une maquette un peu particulière, dans les locaux de l’UIMM à Saint-Dizier. En effet, pendant deux ans, des apprentis ont œuvré à la reproduction précise du Lancaster DS689, tombé à Rachecourt-Suzémont le 7 octobre 1943. Même à l’échelle un dixième, l’ouvrage aux trois mètres d’envergure et presque 300 kilos, a mobilisé une vingtaine de jeunes pour 177 heures de réalisation. Le projet a été mandaté par le village dans le cadre du 80e anniversaire qui se tiendra le 7 octobre prochain : « La réplique prendra place à côté des six tombes de soldats morts en 1943 », explique le maire Stéphane Remenant. Le socle est déjà sur place, alors que quelques réaménagements sont en cours au cimetière pour l’occasion.
En parallèle, une exposition en lien avec le crash se tiendra au niveau de la mairie, visible la veille et le jour J des 80 ans. Elle a été préparée par le Club Mémoires 52, Joël Ecuvillon en premier lieu, avec « des photos de tout le monde, de l’histoire, du lieu du crash… ». Encore un mois et demi d’attente avant de découvrir les nombreux panneaux.