Immunité relative – l’édito de Christophe Bonnefoy
Quelque part, les déboires de Donald Trump sont rassurants. On aurait pu penser que l’ex-grand manitou américain, le milliardaire à la puissance de feu presque infinie, le roi du monde, en quelque sorte, serait tout naturellement protégé de toute poursuite, immunisé contre tout ce qui aurait pu l’envoyer un jour en prison.
Pour les geôles, ça n’est pas encore fait. Loin de là. On connaît les méandres judiciaires et les multiples rebondissements possibles. Autrement dit, d’ici à ce que l’ancien Président mange éventuellement à la table des prisonniers de droit commun, il s’écoulera peut-être au moins un mandat. Voire deux. Mais on constate, depuis quelques mois, que même lui peut craindre un jour de redevenir un justiciable comme un autre. Pour l’instant, il ne l’est pas encore totalement, bien sûr. Argent, pouvoir encore prégnant et enjeux politiques, rivalités de camps sont encore les fragiles remparts de sa tranquillité.
Mais on a un peu la preuve tous les jours, que l’Amérique, finalement, n’est pas comme certains autres lieux du globe où absolument rien ne peut arriver à ses ex-dirigeants.
Dernier épisode en date : l’inculpation lundi en Géorgie de l’homme aux cheveux jaunes et à la mèche rebelle pour avoir tenté d’inverser l’élection de 2020 dans cet Etat américain. Trump pense depuis des mois pouvoir passer à travers les gouttes. La justice lui rappelle que rien n’est impossible au pays de l’Oncle Sam.
Tout cela, évidemment, sur fond d’investiture pour la prochaine présidentielle. Le combat sera rude, tant sur le plan politique que judiciaire.
Vu de chez nous, l’affaire est jouée. Donald est tombé de son piédestal. Aux Etats-Unis, c’est une autre affaire. Un autre état d’esprit. Au point de ne pas exclure de revoir Trump prêter à nouveau serment un jour sur la Bible, au moment de son investiture. Mais, au moins, a-t-on la certitude que l’armure peut se fissurer.