Mauvaise conscience – l’édito de Patrice Chabanet
Les jours passent et, avec une régularité de métronome, s’allonge la liste des migrants qui se noient dans la Méditerranée ou dans la Manche. Pas de jours sans de nouvelles victimes, hommes, femmes et enfants. Rien n’y fait. La détermination des damnés de la Terre est plus forte que tous les systèmes mis en place pour entraver cette fuite éperdue vers la liberté ou le mieux-être. Plutôt risquer sa vie que se laisser mourir à petit feu dans un pays sans avenir, qui rongé par la famine, qui prisonnier d’une dictature.
Comme si le désarroi de certaines populations ne suffisait pas, une véritable criminalité s’est bâtie autour des passeurs. On les trouve même près des points de départ – dans le Nord de la France par exemple – pour rançonner leurs futures victimes. Rares sont ceux qui montent à bord d’improbables embarcations de fortune.
D’une manière ou d’une autre ce drame humain est notre mauvaise conscience, surtout en cette période de l’année. La mer est devenue une nouvelle frontière entre ceux qui viennent s’y prélasser et ceux qui l’ont rêvée comme un moyen d’évasion. Parfois ce sont quelques centaines de mètres de plage qui les séparent.
La solution ? Pas évidente. Tirer sur les migrants qui « lancent des pierres sur les forces de l’ordre » comme l’avait décidé Trump ? Plus stupide que réaliste. Mener une guerre sans concession contre les réseaux de passeurs ? Cela doit devenir une nécessité absolue. Encore faudrait-il s’intéresser de plus près aux pays d’émigration. Certains ne jouent pas le jeu. Leur obsession à peine déguisée : se débarrasser d’un boulet.