Abel Ballet, figure des théâtres parisiens
HISTOIRE. Enfant de Longeau, Abel Ballet (1844-1913) fut le propriétaire des Bouffes-du-Nord, du théâtre Beaumarchais ou encore de l’Alhambra. Evocation de la vie d’un acteur et directeur de salles parisiennes qui a donné sa chance à la chanteuse Yvette Guilbert.
Fils de boulanger, Jean, Philippe, Abel Ballet est né à Longeau le 2 janvier 1844. Professionellement, il ne suit pas les traces paternelles et, à l’âge de 20 ans, Abel Ballet vit déjà à Paris, où il travaille comme commis. Selon le journal La Petite République (mai 1913), le Haut-Marnais aurait commencé sa carrière sur scène comme jeune premier au théâtre de La Villette, qui l’employait au moment de la Commune de Paris (1871).
Quand il est nommé, en 1880, régisseur général de l’Ambigu-Comique, grande scène parisienne, Abel Ballet travaillait depuis sept ans comme administrateur des théâtres jumeaux de Batignolles et de Montmartre. Entre-temps, il avait régi le théâtre du Gymnase.
Travail sans relâche
En 1885, il franchit un palier dans sa carrière en prenant possession du théâtre des Bouffes-du-Nord, dans le faubourg Saint-Denis. Autre publication française, L’Album théâtral écrit, en 1886 : « Abel Ballet avait pris, il y a un an, le théâtre des Bouffes-du-Nord dans des conditions désastreuses : pas de troupe, pas de répertoire, pas de public, surtout pas de public ! Cependant, grâce à un travail qui n’a pas connu les relâches, le nouveau directeur est parvenu à reconstituer tout cela. »
L’oeuvre de Zola
Parallèlement, le Haut-Marnais prend le contrôle du théâtre Beaumarchais, où sera jouée, pour lancer la saison, « Nana », l’œuvre d’Emile Zola pour laquelle il éprouvait une affection toute particulière depuis l’époque où il était régisseur à l’Ambigu. Abel Ballet ne s’arrête pas en si bon chemin et, en 1891, devient également propriétaire de l’Alhambra, avenue de Clichy.
En 1896, il quitte la direction des Bouffes-du-Nord – il avait été déclaré en faillitte trois ans plus tôt – pour redevenir régisseur général de l’Ambigu-Comique. Abel Ballet décède à Paris en juin 1913, à l’hôpital Lariboisière. L’année précédente, il avait encore tenu à prodiguer des conseils aux metteurs en scène de « Nana », sa pièce fétiche.
Le Haut-Marnais reste aussi, pour l’Histoire, celui qui a donné sa chance à la célèbre chanteuse Yvette Guilbert, en 1885, sur la scène des Bouffes-du-Nord. Il avait également engagé une actrice originaire du Sud Haute-Marne, Isabelle Aubertin.
Lionel Fontaine
Source : page Facebook du club Mémoires 52.
Admirée de Freud et de Proust
Yvette Guilbert (1865-1944) est une enfant de Paris Vendeuse, elle suit en 1885 des cours d’art dramatique et fait ses premiers pas aux Bouffes-du-Nord. Se lançant dans la chanson, elle suscite bientôt l’admiration de Freud en 1889, et celle de Marcel Proust. Puis elle se produit au Moulin-Rouge, et même au Carnegie Hall à New York. Juliette Greco a repris et popularisé plusieurs des oeuvres d’Yvette Guilbert.