Un mal pour un bien – l’édito de Patrice Chabanet
Le coup d’Etat au Niger était prévisible. Il s’inscrit dans une logique qu’on a vu à l’oeuvre au Mali et au Burkina Faso. L’important aujourd’hui n’est plus de disséquer l’évènement pour aboutir aux mêmes conclusions. Il est de prendre les devants pour en éviter la répétition.
Une idée fait son chemin, car elle est pertinente : revoir de fond en comble la présence française en Afrique, notamment sur le plan militaire. Nos interventions commencent toujours bien, comme l’opération Serval au Mali qui a bloqué la mainmise des djihadistes sur Bamako. Mais avec le temps l’enlisement réduit ou annihile les succès initiaux. En l’occurrence, l’opération Barkhane s’est épuisée avec l’extension de sa zone d’intervention sur tout le Sahel. Résultat : une expansion des groupes islamistes, facilitée par la faiblesse des armées locales, elles-mêmes gangrénées par la corruption.
D’autres théâtres d’opération, l’Afghanistan par exemple, ont démontré qu’il fallait frapper et déguerpir, hit and run pour reprendre une terminologie américaine. Ce qui implique une logistique renforcée pour acheminer troupes et matériels. Mais un reformatage de notre appareil militaire ne suffira pas. Une redéfinition de nos rapports avec les gouvernances locales s’imposera, qu’on le veuille ou non. Il est de moins en moins acceptable de soutenir, même du bout des lèvres, des potentats ou des putschistes. La démocratie ne s’implante pas comme un greffon. Faute d’un aggiornamento nécessaire, la France sera entraînée dans les sables mouvants africains. A la merci de provocations. En dix ans notre pays a perdu 58 militaires au Sahel.