Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.
L'avertissement du président de la FFB en Haute-Marne alarme le député Laurence Robert-Dehault

Quand le bâtiment va, tout va… et quand il cale ? Coup de chaud à la FFB

L'avertissement du président de la FFB en Haute-Marne alarme le député Laurence Robert-Dehault
Le député Laurence Robert-Dehault s’alarme des propos alarmistes du président de la FFB en Haute-Marne.

Le président de la Fédération française du bâtiment en Haute-Marne Vincent Ronzat a exposé au député de la 2e circonscription Laurence Robert-Dehault les tourments qu’il nourrit pour le secteur « étalon » de la santé de l’économie. Il a trouvé une écoute attentive.

« Depuis 3 ans, au plan national, on relève + 37% de défaillances d’entreprises du bâtiment ». Si le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) en Haute-Marne Vincent Ronzat n’a pas de chiffre à l’échelle départementale, il dispose de suffisamment de mauvais signes pour établir que le secteur y suit cette tendance rudement péjorative. Il a trouvé une écoute attentive auprès du député de la 2e circonscription Laurence Robert-Dehault, à qui il a dit toutes ses inquiétudes.

En outre, la FFB sait l’artisan taiseux. « Quand il ose faire état de ses difficultés, c’est souvent trop tard ». Vincent Ronzat en est convaincu, « d’ici à la fin de l’année, il y a aura beaucoup de défaillances en Haute-Marne ». Pas besoin de citer illico les motifs de la dégradation de la santé de leurs affaires, en revanche, le président souligne une grave conséquence : « l’état d’épuisement physique et moral des chefs d’entreprise ». Aujourd’hui, assure-t-il au député Robert-Dehault, « ils ne veulent plus entendre parler de rien ». Au point que la cellule d’écoute psychologique mise en place au plan national n’empêcherait pas des suicides – la Haute-Marne a déjà été touchée.

« On ne s’attendait pas à pareille crise » 

« On a beaucoup de burn-out en Haute-Marne ». Malgré l’existence d’un numéro vert, malgré l’incitation de la fédération à prendre rendez-vous pour mettre les choses à plat en effectuant un audit, reste une pudeur des professionnels qui constitue un verrou ardu à faire sauter. « Pourtant, il faut que les chefs d’entreprise acceptent de nous parler… ». Pour l’heure, le président Ronzat indique que la fédération « essaie d’éviter qu’ils boivent, qu’ils mettent en péril leurs familles ». Cette situation fort maussade s’est installée après le Covid, poursuit-il. « Quand on a remis le nez dans les comptes, on a réalisé qu’on avait gagné de l’argent… avec un coût ». Aujourd’hui, les prêts garantis par l’État (PGE) restent en cours de remboursement – une dérogation avait permis d’allonger le temps pour le faire. Le conflit en Ukraine s’est invité, l’inflation, également. Total : « c’est très tendu, on ne s’attendait pas à pareille crise ». Par ailleurs, l’heure a sonné de « rattraper » le paiement des charges sociales pour ceux qui ont opté pour son report – des délais de règlement avaient été obtenus pendant la crise sanitaire. Sauf que « les carnets de commande s’effondrent conjointement », en raison de « l’explosion des coûts des matériaux – +30% ». Au demeurant, glisse Vincent Ronzat, si les prix se sont stabilisés, « ils ne reculeront plus ».

« On va droit vers des licenciements »

« L’envol des prix pèse sur les collectivités et sur les particuliers ». Voilà comment, pour les premières, « des opérations budgétisées à 1 M€ sont passées à 1,2 M€ ». Un surplus si palpable qu’ « un appel d’offre sur quatre est ajourné ». Le président Ronzat demande aux donneurs d’ordre de « peut-être réduire la voilure, mais de renoncer aux ajournements ». Pour les seconds, « les banques refusent désormais un crédit immobilier sur deux et les gens n’arrivent plus à acheter une maison ». Le volume de constructions s’est effondré de 30%, précise-t-il. Et s’alarme d’entendre que, dans le même temps, le gouvernement remettrait en cause les primes à la rénovation énergétique. Après « avoir revalorisé les salaires de 6 à 7%, on va droit vers des licenciements ». En Haute-Marne, le secteur du bâtiment, ce sont 400 entreprises, soit entre 2 000 et 2 200 salariés, insiste-t-il. Et voilà que se greffe depuis le 1er janvier l’injonction du RE 2020, de la matière à soupirer, il ne manque pas.

« Le gouvernement prend de mauvaises décisions »

« Le gouvernement prend de mauvaises décisions ». Vincent Ronzat en veut pour exemple le projet de suppression des chaudières à gaz. « Il faudrait mettre plus d’électrique dans les bâtisses ? », s’étrangle-t-il. « L’an dernier, on se demandait s’il on allait passer l’hiver », rappelle le président. « Or, on l’a passé parce que des entreprises se sont mises à l’arrêt ». Et puis « on entend qu’avec le Covid, on a dépensé beaucoup d’argent… mais aujourd’hui, on ne peut pas stopper ! On ne nous écoute pas car le sujet est apprécié sous l’angle de la nécessaire indexation des prix sur les chiffres du chômage… qu’on estime bons… ». Cerise sur le gâteau à ses yeux, l’inspection des finances aurait préconisé une hausse de la TVA sur l’aide publique de 10 à 20%, c’est-à-dire l’introduction d’un nouveau frein à la rénovation ». Enfin, la ligne de Bruno Lemaire qui consiste à « indexer le tarif de l’électricité sur le prix du gaz » l’atterre.

Aux services du Département de changer de braquet

« Je demande qu’on relance la construction à tout prix, qu’on conserve les primes à l’aide à la rénovation et les chaudières à gaz ». Avec, ajoute Vincent Roizat, « plus de réactivité dans le remboursement des aides aux artisans ». Sans oublier qu’il attend que « les banques accordent de nouveau des crédits ». Par ailleurs, si « le Département joue grosso modo le jeu dans ses appels d’offre, qui permettent à 80% des entreprises haut-marnaises d’être retenues », reste que les « gros marchés ne sont pas « sortis en allotissements ». Il s’interroge sur la possibilité actuelle des services de la collectivité de faire autrement. Pourtant, c’est ainsi que des entreprises hors département emportent ces plus gros appels d’offre.

« On voit le gouffre arriver à vitesse grand V ». D’autant que la filière formation fait l’objet de mesures qui sont loin d’arranger les choses, soutient Vincent Ronzat. « Le gouvernement prend encore 5% de rabiot sur la prise en charge des contrats d’apprentissage. Des CFA vont mettre la clé sous la porte ! ». Quand il serait urgent de soutenir la filière.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

Sur le même sujet...

Joinville
Mission locale : trouver sa voie dans les métiers du bâtiment
Bâtiment

La Mission locale de Saint-Dizier assure un service d’accompagnement à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes âgés de 16 à 25 ans. Mardi 23 janvier, la visite de l’entreprise Buguet(...)

Laurence Robert-Dehault en soutien à la Capeb et aux petites entreprises du bâtiment
Chaumont, Langres, Saint-Dizier
Laurence Robert-Dehault en soutien à la Capeb et aux petites entreprises du bâtiment
Bâtiment

Ce 13 décembre, la députée haut-marnaise Laurence Robert-Dehault a saisi Patrice Vergriete, ministre du Logement, pour lui remettre en main propre un courrier rédigé par la Capeb, fédération qui porte(...)

Chaumont
CFA du bâtiment : remise des trophées aux apprentis
Bâtiment

Le BTP CFA organisait sa cérémonie de remise des diplômes et des trophées du bâtiment, ce 8 décembre en soirée, dans ses locaux à Chaumont. Les diplômés des différentes filières(...)