De nouvelles partitions à jouer pour Greg Rajaona
Après le rap, Greg Rajaona s’est recentré sur un registre néoclassique qu’il affectionne depuis des années. Vendredi, le jeune bragard a sorti un nouvel EP, et désormais, il compose des musiques de films et de jeux vidéo. Un renouveau artistique qu’il raconte à Jhm quotidien.
Il y a trois mois et demi, nous vous avons conté l’histoire de Greg Rajaona. Le jeune bragard venait tout juste de sortir un EP (format musical entre le single et l’album) intitulé « La Vague », avec cinq titres pour 17 minutes de rap. Le fruit d’un long travail à base de textes écrits lors de ses années lycée et de sonorités influencées par le rap new-yorkais des années 90 qu’il affectionnait tant.
« C’était mon EP d’adieu avec le rap », explique le jeune homme de 21 ans pour qui « la première interview a influé sur ma vie d’artiste ». Sa passion pour cet univers musical demeure toutefois intact, citant par exemple le dernier album de Lil Uzi Vert comme proposition positive.
Évolution
Mais l’histoire entre le jeune artiste et la musique n’est pas terminée pour autant, c’est plutôt le contraire. Encore fallait-il maîtriser un autre genre musical pour pouvoir en changer. Ça tombe bien, c’est le cas de Greg Rajaona avec la musique néoclassique, son autre grand amour. « C’est un mouvement très calme qui m’a permis d’apaiser mon coeur et de retrouver une vie seine après tant de changements. », confie-t-il. Le genre de musique que l’on peut trouver par exemple dans des films, une autre passion que le Bragard cite parmi ses inspirations.
Comme le rap, c’est en véritable autodidacte qu’il a fait ses premiers pas, avec l’appui de « mentors » comme Michael Schuller. Tutoriels, retours, critiques, partage… Greg est reconnaissant de l’artiste autrichien qui a sorti un album solo et compose – entre autres – des sons de jeux vidéo. Le jeune homme cite également Jannick Damkvist. Un Danois qui réalisait des sessions depuis chez ses parents pendant le confinement, et qui, aujourd’hui, produit le son de la bande-annonce d’une grosse franchise.
Carrière
Travailleur, Greg Rajaona n’a pas perdu de temps pour concrétiser ses projets dans ce courant musical. A commencer par la sortie d’un nouvel EP, vendredi 28 juillet (lire ci-dessous) : « Ce sont quatre morceaux néo-classiques inspirés par Scott Buckley et son album Library Song 7 », explique-t-il. Une inspiration en guise d’hommage à un artiste, « qui est vraiment très fort. Il fait tous ses morceaux en une seule prise pour que ce soit plus spontané ».
Surtout, le Bragard compose désormais pour des films et des jeux vidéo. Un exemple parmi d’autres avec le menu principal d’un jeu de rôle médiéval : « J’ai une connaissance qui est développeur de jeux vidéo en solo. Il a tout appris pendant 15 ans. Et pour la v2 (2e version) d’un de ses jeux, il m’a proposé de collaborer », se remémore-t-il, quelques heures après une nuit blanche à perfectionner sa création avant envoi. Le point de départ d’une longue et belle carrière ?
Louis Vanthournout
Et son EP, il vaut quoi ?
CRITIQUE. Après un détour par le rap, Greg Rajaona revient au néo-classique, son autre grand amour. Avec un EP, qui oscille entre les nappes instrumentales vaporeuses et les envolées épiques – mais pas criardes – il propose dix minutes de musique des plus agréables.
Sans oublier l’intention – tantôt grave, tantôt lancinant – le compositeur livre une toile vierge sur laquelle c’est à l’esprit de l’auditeur de dessiner ses pensées. Dans le plus pur style de l’ambient, en somme, sans toutefois tomber dans la musique générique qu’une intelligence artificielle pourrait composer à la chaîne. Parce que dans son « Notebook » (carnet de notes, en version française), Greg Rajaona donne à entrapercevoir ses émotions et ses goûts. Une belle prouesse, tant les pistes instrumentales peuvent, de prime abord, sembler vides de sens, car il leur manque la parole.
Mention spéciale au morceau « But It Is What It Is », la piste n°3, où cinq notes de piano rythment l’arrière-corps d’une puissante envolée de violon. Le mariage des instruments se fait avalanche. De nouvelles notes de violon, plus insistantes, perturbent l’harmonie déjà branlante du morceau et ajoutent une tension. Greg Rajaona dira s’inspirer de Scott Buckley. On y voit un peu de John Williams. Et soudain, c’est la chute, le silence, quand le morceau s’interrompt sans crier gare. Troublant, certes. Onirique, évidemment. Addictif, presque.
Dorian Lacour
d.lacour@jhm.fr