La France d’Armand Gautron “Entre deux vidanges”
Armand Gautron vient de boucler un périple à moto à travers la France. De cette expérience riche en découvertes et en rencontres, l’écrivain va tirer un nouveau livre. Un carnet de voyage forcément caustique et plein de second degré…
Armand Gautron n’avait qu’une crainte. A quelques jours du grand départ de son tour de France à moto, il lançait : « On n’est pas à l’abri que tout se passe bien… » Eh bien, tout ne s’est pas bien passé. « Je suis parti le 6 juin à moto, et rentré le 9 juillet en camion », raconte l’écrivain. « A Beauvais, alors qu’il me manquait 200 bornes pour revenir à Scrupt, une pièce de la moto a lâché. » Une petite frustration pour Armand Gautron, qui aurait bien voulu boucler ce périple, duquel va naître un nouveau livre, programmé pour le festival de Montier-en-Der, en novembre.
« La France est un beau pays, mais des fois, c’est dommage qu’il y ait des habitants dedans ! »
« Ça va s’appeler “Entre deux vidanges”. J’aime bien l’idée… Ça change de “Carnet de voyage”… » C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Un récit de ce périple qui l’a mené dans les Vosges, les Alpes, l’Aveyron, la Corrèze, la Dordogne, l’île d’Oléron, la Bretagne et la Normandie. Armand Gautron y racontera la France qu’il a découverte. Celle qu’il résume par cette phrase, pleine du second degré qu’on lui connaît : « La France est un beau pays, mais des fois, c’est dommage qu’il y ait des habitants dedans ! »
« Pourquoi tout détruire, alors que c’est si beau »
Et l’écrivain de raconter les Cévennes, là où « tout est noir et il y a un vent ! Faut aimer vivre là… Ou être puni ! », plaisante-t-il. « Mais il y a des villages dans lesquels on se dit : “Si je trouvais une maison ici…” Et puis on continue et on se dit la même chose dans le suivant. Je ne comprends pas pourquoi on s’obstine à vouloir tout abîmer, tout détruire, alors que c’est si beau. »
Mais en parcourant entre 150 et 400 km par jour, Armand Gautron a aussi pris conscience de bon nombre de réalités. « C’est triste, mais il n’y a plus de boulangeries, de bistrots, de pompes à essence sur le bord des routes. Le capitalisme a tout bouffé, mais heureusement, il y a des gens qui résistent ! »
« Tous les chemins mènent quelque part, mais pas forcément où tu veux aller »
Parti en toute simplicité, « sans carte bleue, ni GPS », Armand Gautron s’est aussi heurté à un problème bien français. « Il n’y a plus de panneaux de signalisation. Ceux qui sont défraichis ne sont pas remplacés, les déviations ne sont pas indiquées, il faut souvent s’arrêter pour demander son chemin. A chaque fois, je leur disais : “Demandez à votre maire de mettre un panneau !”. Parce que tous les chemins mènent quelque part, mais pas forcément où tu veux aller. »
Puis, il y a les rencontres. Avec « ceux qui veulent absolument t’aider, mais qui n’y arrivent pas ». Avec « les tarés sur l’autoroute qui ne savent pas conduire, qui klaxonnent et qui te font des doigts ». Avec ceux qui connaissent la moto, une Royal Enfield Bullet 500. « En pleine Bretagne, alors que je buvais tranquillement mon café, un mec s’arrête et me dit : “Mon père a passé son permis là-dessus en Algérie”. Et puis on a tapé la discute. »
« Ça te rappellera l’usine ! »
A chacune de ses étapes, Armand Gautron avait prévu de retrouver de vieilles connaissances. « Je leur avais demandé de m’emmener dans un endroit qu’ils affectionnent tout particulièrement. En Dordogne, on m’a conduit dans un château avec un Salon du livre juste à côté. Et mon hôte m’a dit : “Tiens, ça te rappellera l’usine !” » On a les amis qu’on se choisit…
P.-J. P.