La saga du Muid Montsaugeonnais
Le Muid Montsaugeonnais est désormais un vignoble reconnu pour la qualité de ses vins. Cela n’a pas été sans difficulté pour faire revivre un vignoble dans le Sud du département. Retour sur cette belle aventure humaine.
Des vignes, il n’en restait que peu dans le Montsaugeonnais après le passage du phylloxera. Quelques passionnés, particulièrement à Rivières-les-Fosses, continuaient de perpétrer la tradition de manière artisanale. Mais deux maires, sans le savoir, nourrissaient la même envie de voir renaître un vignoble digne de ce nom. Le premier est Charles Guené, maire de Vaux-sous-Aubigny.
Le second est Julien Mielle, maire de Rivières-les-Fosses. Le hasard et la bonne fortune font qu’ils ont un secrétaire de mairie commun. La mise en relation se fait par ce biais. «La personnalité de Julien Mielle a été primordiale. Il s’est lancé corps et âme en faisant adhérer tout un monde autour du projet», affirme Charles Guené.
Intervention de Michel Rocard
Planter, replanter de la vigne devient rapidement un parcours plus tortueux que ne le pensaient les instigateurs. Si l’association pour le renouveau du vignoble en Montsaugeonnais voit le jour, Charles Guené comprend qu’elle n’obtiendra pas les droits à planter de la vigne. «Ce sont les agriculteurs qui ont ces droits. On constitue alors une Earl avec cinq agriculteurs qui obtient les droits à planter ainsi que les prêts agricoles, les PAM», relate Charles Guené. Robert Gy est l’un de ces agriculteurs qui donnent ces droits à planter.
Entre temps, le maire de Vaux-sous-Aubigny écrit à Michel Rocard, alors Premier ministre, pour lui transmettre des actes de naissance de ces ancêtres originaires de Vaux-sous-Aubigny et lui faire part du projet de replantation du vignoble. Cette intervention va accélérer de façon sensible l’instruction d’un dossier que d’aucun pensait utopique.
Une société anonyme est constituée en parallèle et lève des fonds à hauteur de 670 000 francs avec au départ un peu moins de 300 actionnaires. «Il nous fallait quatre millions de francs pour débuter soit 130 000 francs par hectare planté», souligne Charles Guené. Les subventions arrivent et en importance puisque plus de 800 000 francs sont recueillis.
«Une chaîne d’amitié» autour du Muid
L’Earl des Vignes du Montsaugeonnais peut planter en 1989 dix hectares de vigne sur les communes de Vaux, Rivières-les-Fosses et Montsaugeon. Sept hectares sont consacrés aux cépages blancs (auxerrois et Chardonnay) et trois seulement au pinot rouge. «L’onivin était persuadé que l’on ferait de meilleures blancs que du rouge. Il a fallu se battre pour obtenir le droit de planter du pinot rouge», rappelle Dominique Bernard le vigneron du Muid Montsaugeonnais
Et pourtant, c’est bien le pinot rouge qui était le plus demandé par les consommateurs du Muid, dont une grande partie de restaurateurs. Aujourd’hui, les ventes sont équilibrées. Pinot noir, chardonnay, auxerrois de manière plus confidentiel, mais également rosé, et la méthode champenoise avec le brut de Muid et depuis peu un brut en blanc de noir.
Aujourd’hui le Muid Montsaugeonnais voit l’ensemble de son domaine passé en certification Bio, soit les 14 hectares qui donnent en moyenne 120 000 bouteilles par an.
Ph. L.