“Une imagination morbide” – l’édito de Patrice Chabanet
Ils osent tout. Les talibans ont décidé de fermer les salons de beauté. On reste estomaqué par leur obsession : effacer toute trace de féminité en Afghanistan. Les psychanalystes sauraient sans doute mieux expliquer que les politologues ou les historiens cette élimination, par des réglementations toujours plus vexatoires, d’une moitié de la population. On peut y voir aussi la peur d’un système machiste, plus que religieux. Peur des femmes et complexe d’infériorité. Des pauvres types, au fond.
Jusqu’à présent, la communauté internationale observe et déplore. Autant dire qu’elle ne fait rien, préoccupée qu’elle est par la crise ukrainienne, la canicule et ses incendies en série. Mais la politique de l’autruche ne pourra pas s’éterniser. Ce serait bafouer nos propres valeurs et faire litière de principes souvent évoqués mais de moins en moins appliqués, le droit d’ingérence par exemple.
Il ne s’agit pas de prôner une action militaire. L’Occident a déjà donné, avec la fin pitoyable de la présence américaine. Mais il existe d’autres moyens coercitifs pour faire plier le régime criminel de Kaboul, notamment dans le domaine économique. Il serait trop facile de jouer les Ponce Pilate dans le confort ouaté de nos démocraties alors que les Afghanes affichent un courage inouï en manifestant dès l’annonce de la fermeture des salons de beauté. Pourquoi ne pas imaginer des parrainages des associations qui mènent ce combat ? Pour que l’été afghan ne se transforme pas en hiver sans fin.