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La Haute-Marne au vitriol

Défigurée suite à un accident de la route, «bourge de gauche» élevée par un «nouveau riche arriviste» dans le confort bourgeois d’un appartement de Neuilly-sur-Seine, avocate pénaliste, cinéaste et romancière, Hannelore Cayre signe un roman au vitriol. Avec pour théâtre un cité chaumontaise présentée sous ses plus sordides aspects, “Comme au cinéma” décrit les turpitudes du quotidien de personnages otages de la triste vie d’une petite ville de province. Scénariste et réalisatrice du film “Commis d’office” servi par l’excellent Roschdy Zem, Hannelore Cayre pousse l’art de la provocation à son paroxysme sans omettre de balancer quelques vérités. Avec une bonne dose d’ouverture d’esprit, le roman de madame Cayre deviendrait presque intéressant.

 

Journal de la Haute-Marne : Vous fusillez à longueur de pages Chaumont, ses habitants, ses commerçants ou son chroniqueur judiciaire. Cette vision est-elle romancée ou correspond-elle à votre réalité ?

Hannelore Cayre : «Vous pouvez me fusiller, ça ne me dérange pas du tout ! Je tiens toutefois à préciser qu’il s’agit d’un roman, les personnages sont donc fictifs. Je connais la Haute-Marne puisque j’ai plaidé à Chaumont à plusieurs reprises dans le cadre d’affaires présentées devant la Cour d’assises. Je me suis inspirée de ces expériences, j’ai simplement voulu décrire la vie d’une petite ville de province. Ce roman a Chaumont pour théâtre, mais j’aurais pu décrire les mêmes choses à Guéret ou à Coutances. Il fait certainement bon vivre à Chaumont quand on y est né. Je suis née à Paris et j’ai adopté un certain snobisme parisien, je l’assume. Je suis animée des plus mauvaises intentions du monde, je ne le cache pas ! Je meurs si je vis à Lens, je ne pourrais pas vivre en province, dans ces villes où l’anonymat n’existe pas. A Paris, je suis certaines de ne pas être saluée dans la rue, c’est formidable !»

 

JHM : Colombey-les-deux-Eglises suscite également votre acrimonie…

H. C. : «J’ai découvert Colombey-les-deux-Eglises dans le cadre de mon deuxième roman, “Toiles de maîtres”. Cet endroit est surréaliste, je m’étais amusée de ces marchands du temple vendant des boules à neige à l’effigie du général de Gaulle et des vieux venant battre le pavé. Ce village est entièrement dédié à un homme ne parlant pas du tout aux jeunes d’aujourd’hui. Le Mémorial Charles-de-Gaulle a été construit, ce musée retrace le parcours galvanisant de la nation française, c’est une bonne chose. Cette mise en scène permet notamment d’illustrer le rapport de Charles-de-Gaulle à la jeunesse.»

 

JHM : Peut-on réellement juger de l’état d’un territoire en y séjournant l’espace de quelques semaines ?

H. C. : «A Chaumont, en l’espace de quelques jours, j’ai pu découvrir des rues vides en plein après-midi et des commerces fermant leurs portes à 19 heures tapantes. Ces réalités mettent en avant un flagrant problème d’aménagement du territoire. Des régions enclavées ont été totalement abandonnées ! En écrivant ce roman, je pense aux difficultés rencontrées par les jeunes résidant dans ces régions. Il n’est certainement pas facile de s’épanouir à Paris, mais la vie d’un jeune haut-marnais doit être terrible. J’imagine la réaction d’un jeune haut-marnais découvrant devant sa télévision l’agitation régnant dans les villes, le contraste avec son quotidien doit être difficile à vivre. Le personnage de la jeune fille aspirant à une autre vie colle à la réalité de nombreux jeunes haut-marnais. Les jeunes haut-marnais ne quittent-ils pas la Haute-Marne ? Quitter le département n’est-il pas l’objectif de nombreux jeunes ? J’ai mes réponses et ne pense pas me tromper !»

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