A distance – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’interview du 24 juillet ne restera pas dans les annales. C’est à craindre. A un chiffre près, elle a manqué de l’habituelle solennité qu’on connaissait à celles de certains 14 juillet. Mais ça ne tient pas qu’à la date. Sur la forme, ce jeu de questions-réponses à distance – Emmanuel Macron venait d’arriver à Nouméa – n’a pas offert à l’exercice ce qu’on était en droit d’attendre. Presque une visio-conférence, techniquement imparfaite de surcroît, qui a pu donner le sentiment que le chef de l’Etat se sentait bien loin des préoccupations des Français.
Mais sur le fond, les messages auraient pu être aussi bien formulés que parfaitement compris par les Français. Seulement, on a pu avoir l’impression, pour le coup, que la période est aussi complexe que le cap à préciser. En l’occurrence, tant sur le plan sociétal que sur le plan politique, Emmanuel Macron n’est pas dans la position la plus confortable qui soit. Oublions, en premier lieu, les fameux 100 jours d’apaisement. Ils se sont conclus, quasiment, par quatre jours d’émeutes. Et ont remis, une fois encore, sur le devant de la scène le rôle de la police et la perception que l’on peut en avoir. Obligé de réaffirmer un leitmotiv – «L’ordre, l’ordre, l’ordre…» -, il ne pouvait en même temps pas… ne pas temporiser sur la situation marseillaise et la gronde dans les rangs des policiers. Nul «n’est au-dessus de la loi». Ou comment brouiller le message par une sorte de double discours.
Un message tout aussi brouillé, lorsqu’il a évoqué la situation politique. «Il n’y pas de majorité de rechange». Autrement dit, ou compris par les Français en tout cas, on fait avec ce qu’on a.
Il faudra, indéniablement, de nouveaux points d’étape pour préciser l’avenir… Et convaincre.
c.bonnefoy@jhm.fr