Précarité grandissante en Champagne-Ardenne – Et surtout en Haute-Marne
Un taux de 13 % d’illettrisme, un déclin démographique graduel, une sixième taux national de toxicomane/1000 habitants, un Front national à plus de 20%… Et la misère comme terreau, à Dublin, Vladivoskok ou en Haute-Marne…
“Les situations de précarité sont plus fréquentes en Champagne-Ardenne qu’au niveau national. Avec 14,6 % de la population sous le seuil de pauvreté en 2009 (moins de 954 euros de revenus par adulte, Ndlr), la Champagne-Ardenne se situe au sixième rang des régions les plus défavorisées.” Les conclusions présentées par les services champardenais de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ne laissent pas part au doute : la précarité ne cesse de progresser dans une région particulièrement exposées aux conséquences de la crise économique. La croissance graduelle du taux de chômage (10,04 % au 2ème trimestre 2012 contre 7,7 % début 2008) témoigne des difficultés rencontrées par le monde de l’industrie, un secteur très présent en Champagne-Ardenne et particulièrement exposé à l’instabilité économique. Plus de 11 % des enfants vivent ainsi dans une cellule familiale ne comptant aucun actif. Les jeunes sont souvent les premières victimes de la précarité. Si un jeune sur quatre n’est pas inséré dans les zones les plus touchées, la précarité touche toutes les classes de la population à l’échelle régionale comme l’illustrent des taux de chômage de femmes et seniors supérieurs à la moyenne nationale.
Cette situation est perceptible en Haute-Marne. Si l’ensemble des données propres au département ne peut être communiqué par les services de l’Insee, les premières conclusions illustrent un net appauvrissement. Parmi les 81 Etablissement publics de coopération intercommunale (Epci) répertoriés en Champagne-Ardenne, aucun EPCI haut-marnais n’échappe à la classification “précarité marquée”.
Le Nord Haute-Marne frappé de plein fouet
Si les difficultés des ménages sont minorées dans les bassins langrois et chaumontais, l’ensemble des territoires ruraux haut-marnais sont touchés par la précarité comme l’illustre le “faible niveau de revenus” relevé par l’Insee. La situation est encore plus préoccupante dans le Nord du département. Les communautés de communes Marne Rognon Canton de Poissons et Saint-Dizier Der et Perthois sont ainsi répertoriées parmi les douze EPCI champardenais confrontées à “une précarité forte”. Au sein de ces territoires, le nombre de jeunes non insérés flirte avec la barre des 20 %. Cette barre est allègrement dépassée dans certaines communes. Plafonnant annuellement à 15 600 euros, le revenu fiscal médian est, par ailleurs, inférieur de 1 000 euros à la moyenne régionale. Confrontés à des taux de chômage supérieurs à 10 %, ces territoires voient de nombreuses familles supporter une précarité grandissante. Un enfant sur quatre vit ainsi au sein d’un ménage à bas revenu (moins de 956 euros par adulte). Un dernier élément permet de juger des difficultés d’un département et d’une région aux abois : les conclusions de l’Insee ont été établies suite au recueil de données datant de 2009. La situation économique n’ayant cessé de se détériorer ces dernières années, la précarité aura vraisemblablement cru encore un peu plus au sein de territoires pendus à un vital maintien du système de solidarité nationale.