« The Flash », « Asteroid City », « Mission Impossible : Dead Reckoning »… Qu’aller voir au cinéma ?
Début de l’été oblige, ces dernières semaines ont été chargées de sorties dans les salles obscures. Blockbuster super-héroïque, brin de folie minimaliste, nouvel opus d’une saga d’espionnage mythique… jhm quotidien fait le point sur ce qui vaut le coup – ou non – d’être vu au cinéma.
« The Flash », excès de paresse
La dernière mouture des studios DC Comics, chapeautée par la Warner, est au mieux un soufflé qui retombe. Barry Allen, l’homme le plus rapide de l’univers, incarné à l’écran par le problématique Ezra Miller – accusé de faits de harcèlement, violences et cambriolage, le tout sous l’effet de l’alcool – remonte le temps pour éviter à sa mère, Nora Allen (Maribel Verdú), d’être assassinée et, ce faisant, laver son père Henry Allen (Ron Livingston) de tout soupçon.
Problème, en faisant son voyage temporel, il dérègle la chronologie et se retrouve propulsé dans un univers alternatif où il rencontre une autre version de lui-même, plus jeune et plus bête. « The Flash », réalisé par Andy Muschietti sert de prétexte à rebooter l’univers cinématographique DC Comics, qui navigue à vue et ne parvient décidément pas à rattraper le concurrent Marvel.
Le film, et c’est un comble, peine à passer la seconde pendant 2 h 24. Pas aidé par des scènes d’action fouillis, pas forcément bien exécutées, ni par un amoncellement d’effets spéciaux dont la plupart sont – dans le meilleur des cas – laids, le long-métrage se rue vers une bataille finale absolument navrante. Le code moral du super-héros n’est qu’effleuré, et les personnages secondaires – en dehors de ceux cités plus bas – n’apportent aucun relief à une œuvre, in fine, bien plate.
Une belle photographie, quelques madeleines de Proust (quel plaisir de retrouver Michael Keaton dans le costume de Batman !) et une Sasha Calle excellente sous les traits de Supergirl, évitent au film le naufrage pur et simple. Malgré cela, force est de constater que « The Flash » ne va nulle part. Et qu’il y file à la vitesse de la lumière.
« Asteroid City », petite grande histoire
Avec « Asteroid City« , le réalisateur-orfèvre Wes Anderson offre un nouveau bijou minimaliste qui évite, par la maestria de son écriture, de perdre le spectateur dans un tunnel « méta ». Aussi symétriquement parfait, dans sa réalisation de laquelle rien ne déborde, que complètement décousu – à dessein – dans la construction de son récit, le film émerveille autant qu’il questionne.
« Asteroid City » raconte, par le prisme d’un animateur télé (Bryan Cranston), la création de la pièce de théâtre du même nom, par le scénariste Conrad Earp (Edward Norton) et le metteur en scène Schubert Green (Adrien Brody).
Dans le même temps, ladite pièce se joue sous nos yeux, dans une ville fictive minuscule perdue dans le désert, où le photographe Augie Steenbeck (Jason Schwartzman) et l’actrice hollywoodienne Midge Campbell (Scarlett Johansson) nouent une romance sur fond de visite d’un curieux extra-terrestre auquel Jeff Goldblum prête ses traits. Résumé de la sorte, le film peut sembler imbitable, mais la finesse de Wes Anderson rend le produit tout à fait digeste.
Quand la pièce de théâtre se joue, le réalisateur dépeint des personnages en proie aux doutes, dans les États-Unis des années 1950 où la peur de l’autre (le soviétique, l’alien…) est omniprésente. Avec une belle légèreté, grâce à l’humour fin et aux couleurs chaudes, des problématiques on ne peut plus concrètes sont mises à l’image : deuil, relations intra-familiales, violences conjugales…
La mise en abîme de la pièce, quand l’image passe en noir et blanc et que nous en voyons les coulisses, ajoute à la virtuosité du propos. Car, au final, ce n’est que de la fiction. Wes Anderson et son casting XXL – nous n’avons pas cité Tom Hanks, Jeffrey Wright, Tilda Swinton, Willem Dafoe, Steve Carell, Margot Robbie… – le savent. Les spectateurs le savent. Ce n’est pas grave, tellement c’est bon.
« Mission Impossible : Dead Reckoning, Part. 1 », auto-destruction annoncée
Le septième « Mission Impossible« , première partie d’une duologie qu’on imagine conclusive, prolonge l’une des sagas d’espionnage et d’action les plus iconiques du cinéma, en accusant parfois le coup. Reposant encore et toujours sur les épaules d’un Ethan Hunt (Tom Cruise) sur qui l’âge semble enfin commencer à avoir une prise, le long-métrage parvient, de justesse, à ne pas se perdre dans un amas de rebondissements indispensables mais bien souvent attendus. Pas avare en action, péchant par ses effets spéciaux parfois douteux, le film place ses protagonistes face à une menace absolument terrifiante tant elle fait écho à l’actualité : une intelligence artificielle maligne.
Les têtes connues, des amis de toujours Luther (Ving Rhames) et Benji (Simon Pegg) à la « Veuve Blanche » (Vanessa Kirby), méchante pas si méchante par excellence, en passant par le love interest Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) déroulent leur partition. Sans accroc, mais sans coup de génie. Les nouveaux venus sont plus nuancés, allant du plutôt bon, comme la voleuse Grace incarnée par Hayley Atwell, au carrément moyen – on est gentils – avec l’antagoniste Gabriel, joué maladroitement par Esai Morales.
Malgré quelques bonnes idées, « Mission Impossible : Dead Reckoning, Part. 1 » ne réinvente rien – en même temps, est-ce sa volonté ? – et donne par moments une sensation de déjà-vu pas franchement agréable. Il en reste tout de même 2 h 43 d’adrénaline pure, de cascades, de courses-poursuites, de désamorçage de bombe in extremis, et de twists qui ont fait le succès de la saga. Pas encore d’essoufflement, mais attention au film de trop.
Dorian Lacour