“Absolutely charming“ – L’édito de Patrice Chabanet
Il est difficile d’évoquer la vie et la carrière d’une grande artiste sans tomber dans l’ornière des louanges faciles. Mais comment faire autrement quand l’artiste en question s’appelle Jane Birkin ? Tout en elle suscitait d’abord la sympathie. Pas de glamour, mais une simplicité non feinte.
A commencer par un accent délicieux qu’elle a soigneusement évité d’effacer. Sa rencontre avec Serge Gainsbourg, son pygmalion, l’a propulsée, elle la timide, sur le devant de la scène. Et pas qu’un peu. Il faut dire que la chanson Je t’aime moi non plus qu’il avait prévue à l’origine pour Brigitte Bardot secouait la société bien pensante d’alors. On était en 1969…
Ses films, ses chansons, sa façon de s’habiller (hors mode mais très in) la rendaient inimitable, inclassable et peu…attaquable dans un monde où les flèches sont facilement décochées. Mais il faut toujours se méfier des apparence. Sa voix suave portait haut et fort des engagements que l’on qualifierait aujourd’hui de sociétaux : les droits de l’Homme, le droit à l’avortement, la protection de la nature.
Pour autant, la chanteuse-actrice ne se laissait pas enfermer dans la cage des appartenances politiques. Jane Birkin était une femme libre. En 1967 déjà, elle jetait son bonnet (et pas seulement…) par-dessus les moulins dans le film culte Blow-up. C’était d’abord cela Jane Birkin. Une subversion tranquille qui fait avancer la société plus sûrement qu’un catalogue idéologique. L’ingénue n’avait rien d’ingénu.