Se hâter lentement – l’édito de Patrice Chabanet
La ténacité a été payante. La Turquie n’est plus opposée à l’entrée de la Suède dans l’Otan. Ce n’était pas gagné d’avance tant Erdogan avait fait monter les enchères en exigeant, en contrepartie, un ticket d’entrée dans l’Union européenne pour son pays. Finalement Ankara s’est montré moins gourmand. Erdogan a sans doute obtenu une compensation, gardée secrète, Son dossier est remonté dans la pile.
En tous les cas, l’accord de la Turquie est une mauvaise nouvelle pour la Russie. La Baltique est devenue une mer otanienne : la Suède, la Finlande, les Etats baltes, la Pologne, l’Allemagne et le Danemark la ferment totalement ou presque. Sale temps pour Poutine qui voit se construire une digue militaire sur le flanc occidental de son pays et qui digère à peine un début de putsch.
L’affaiblissement du maître du Kremlin ne convainc pas tout à fait son meilleur ennemi du moment, Zelensky. Ce dernier, avec une belle constance, réclame des livraisons d’armements accélérées. Message reçu : les membres de l’Otan suivent. Ainsi Emmanuel Macron a annoncé hier que la France fournirait des missiles longue portée Scalp.
Réponse du berger à la bergère : Moscou a annoncé des « contre-mesures », un mot moins agressif que « représailles ». Un aveu de faiblesse, d’une certaine manière. Poutine est en train de perdre la main tant sur le champ de bataille que sur le plan intérieur. En Occident, on n’a toujours pas pris la mesure de l’impact désastreux de la marche du groupe Wagner sur Moscou. Et cerise empoisonnée sur le gâteau : Poutine s’est abaissé à recevoir les mutins. Comment dit-on « dégringolade » en russe ?