Se rapprocher mais pas plus – l’édito de Patrice Chabanet
On le sait déjà : le sommet de Vilnius qui commence demain donnera certainement lieu à un jeu d’équilibriste. Comment renforcer les liens de l’Otan avec l’Ukraine sans l’accueillir à bras ouverts ? Kiev fera certainement le forcing pour pousser la porte de l’organisation – Zelensky est dans son rôle – mais Washington ne cédera pas. Les Etats-Unis n’entendent pas avoir deux fers au feu : un conflit ouvert avec la Russie et un autre avec une Chine qui ne cesse de hausser le ton à propos de Taïwan.
Il ne faut pas se payer de mots : si l’Ukraine n’est pas sur le point de devenir un membre de jure de l’Otan, elle l’est de plus en plus de facto. Les fournitures militaires arrivent à jet continu, même si les Ukrainiens en demandent toujours plus. Logique classique dans toute revendication : pour avoir 100, il faut demander 130 ou 150.
Le fait que ce sommet se tienne à Vilnius n’est pas innocent non plus. Cet Etat balte est à portée de simple canon de la Russie. C’est une manière de signifier à Moscou que l’Otan ne resterait pas les bras croisés au cas où Poutine voudrait faire diversion en l’attaquant. Et de faire savoir aux peuples de ces petits pays qu’on ne les laissera plus tomber comme après la guerre : quasiment un demi-siècle d’occupation soviétique.
En attendant, les combats continuent, plus féroces mais moins visibles pour une raison toute simple : les opinions publiques s’habituent à la guerre quand elles ne se lassent pas. C’est d’ailleurs la carte que jouent les Russes. L’attitude pas très claire d’un Etat comme la Hongrie peut les encourager à cultiver cette illusion.
Demeure enfin le sort de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Il sera certainement évoqué à Vilnius. Sans mauvais jeu de mots c’est une bombe à retardement qui pourrait tout changer et aggraver.