L’air de la montagne – l’édito de Patrice Chabanet
En ces temps d’orages politiques, le Tour de France fait souffler l’air plus frais des étapes de montagne. Cela n’a pas échappé à Emmanuel Macron qui a suivi celle d’hier dans la voiture du directeur de la course. Il a vu de tout près les efforts déployés par les coureurs et l’engouement des spectateurs. Un cadre plus propice que le chaudron des polémiques pour évoquer par la bande la situation dans notre pays. Avec une esquisse de projet ternaire : « l’ordre, le calme et la concorde ».
L’ordre ? Il a été rétabli, plus rapidement qu’en 2005. Le calme ? Il semble régner à nouveau, si l’on en juge par le rétablissement complet des transports publics dans les grandes villes. La concorde ? C’est une autre paire de manches. Personne ne peut la discerner, dans une société qui est souvent qualifiée de fracturée, fragmentée, archipelisée, explosée. L’expression « union nationale » reste d’ailleurs hors de propos et tient plus du fantasme que du projet réaliste. Sans jouer les Cassandre, on peut prévoir une réactivation des violences urbaines à la moindre occasion. Pour une simple raison : toute thérapie passera par un traitement de fond qui exige du temps avant de faire sentir ses effets.
En attendant, le chef de l’Etat est contraint de s’accrocher à l’invocation, pour ne pas dire la convocation, de la concorde. Cette dernière devrait passer par un travail « sur les causes profondes » de la crise, a-t-il expliqué devant un auditoire d’élus à Pau. Et si ces dernières ne provenaient pas en fin de compte d’une promesse récurrente et vaine de régler les problèmes à la racine ? Depuis des décennies.
Patrice Chabanet