La boulangerie Gallien ferme définitivement
Coup sur coup la boulangerie Gallien a reçu la démission de ses deux boulangers. Après des recherches infructueuses, la mort dans l’âme, Eric Gallien n’a pas eu d’autre choix que de demander la liquidation de son commerce.
«Ce n’est pas un problème financier qui a conduit à prendre cette décision». Tout de go Eric Gallien tient à préciser la situation qu’il traverse. Et d’ajouter : «Je n’avais pas prévu de fermer maintenant, mais d’ici un an».
Ce qui a précipité la décision d’en finir est un ensemble d’évènements. La maison Gallien et ses douze salariés a été placée en redressement judiciaire, à la demande du dirigeant en mars dernier. Depuis plusieurs mois, les problèmes financiers commençaient à s’accumuler. «On a été condamnés pour nuisances sonores. J’ai donc pris le Prêt garanti par l’Etat (PGE), le plus haut, 200 000 €, pour faire les travaux. Cela représentait une mensualité de 5 000 €. Et puis, le coût de l’énergie a flambé. On a pris 5 000 € de plus par mois. Ce qui signifie qu’avant de commencer le mois, je devais déjà rembourser 10 000 €», rappelle Eric Gallien.
«L’activité de la société est satisfaisante, la trésorerie équilibrée»
La procédure du redressement permet de bloquer les dettes et de voir venir. Des dépôts de garantie (de l’argent) sont déposés chez les fournisseurs qui peuvent livrer sans crainte.
Un point de situation du tribunal de commerce en mai laisse présager que la maison Gallien va s’en sortir par le haut. «L’activité de la société est satisfaisante, la trésorerie équilibrée, les contraintes de la procédure collective appréhendées avec un retour vers un fonctionnement normal», indique le bilan économique du 11 mai du tribunal de commerce.
L’entreprise reste sous observation jusqu’au 18 septembre. «L’été arrive, l’activité va fortement augmenter avec les campings notamment. Je savais que je n’aurais pas de problème de trésorerie. Et que je pouvais alors aller jusqu’à la fin de l’année comme je le souhaitais», souligne Eric Gallien.
C’était sans savoir que l’un des deux boulangers qui était en Bac Pro allait donner sa démission pour le 30 juin. «Mais j’avais décidé que je pouvais faire les remplacements avec le personnel», précise le dirigeant. Il se met en chasse d’un boulanger. Peine perdue, la boulangerie comme tant d’autres professions connaît une pénurie de personnels. «J’ai reçu un CV d’un jeune de Bologne en BP mais qui finalement ne pouvait plus venir. Et depuis, je n’ai eu aucune touche, zéro de chez zéro», déplore le boulanger.
Et dans la foulée, le second boulanger annonce sa démission pour le 5 juillet. «C’est le coup de grâce. En trois semaines je n’ai pas trouvé un seul boulanger, alors en trouver deux en quelques jours…», commente Eric Gallien, totalement désabusé. «Je ne peux plus travailler, c’est fini. Et pourtant, économiquement la boulangerie Gallien se redresse», fait-il remarquer. Un point qui sera souligné par le tribunal de commerce qui note que la boulangerie Gallien va fermer «et ce, sans aucune justification économique.»
«A 61 ans, vivre un redressement judiciaire n’est pas évident. Et là je me prends cela dans la gueule. C’est dur», lâche Eric Gallien.
La boulangerie de la place Jenson est fermée depuis lundi 3 juillet. Les douze salariés sont au chômage. Voilà la réalité d’une entreprise familiale prospère, et qui avait pignon sur rue depuis 62 ans, mais qui a pris en pleine face de nouvelles contraintes inédites.
Ph. L.
Notre pain quotidien
Depuis plusieurs jours, la maison Gallien avait prévenu ses clients qu’elle allait fermer son activité. Avec une production journalière de 1 400 baguettes, pains et pains à kebab, c’est une importante activité qui se trouve orpheline. Parmi les clients importants, on peut citer l’hôpital, le collège Diderot ou encore le camping de La Liez. Certains se sont tournés vers d’autres boulangeries qui peuvent faire les livraisons. Et elles ne sont pas nombreuses à pouvoir le faire. La boulangerie Diderot, d’Eric et Fabienne Munier, fait partie de ces boulangeries en capacité d’effectuer des livraisons. Mais elle ne peut absorber la totalité de la production de la boulangerie Gallien. Il va être certainement difficile de se fournir en pain d’ici les jours à venir. Mais l’économie a toujours su combler les vides…