Au-delà des limites – L’édito de Christophe Bonnefoy
Bien présomptueux ou faussement naïfs, ceux qui prêtent aux émeutiers des derniers jours une conscience politique. Ou qui identifient dans les actes des pilleurs une intention militante.
L’attaque sauvage du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses n’a rien d’un défi au pouvoir. Rien d’une tentative de faire entendre une détresse, comme on a parfois tendance à vouloir l’expliquer un peu trop facilement.
Ce qui vient d’être qualifié de « tentative d’assassinat » par le procureur de la République tient plus de la vengeance crasse que de la contestation du pouvoir d’un maire et de ce qu’il représente. Cette attaque en règle est plus probablement la réponse des agresseurs à un premier magistrat qui les aura, peut-être, fermement remis en place lors des récentes émeutes. L’empêcheur de tourner en rond ! Surtout, ne pas aller contre des pilleurs dont la seule volonté est de casser et de ressortir de commerces détruits, les bras chargés d’accessoire, souvent.
Dans la maison attaquée à la voiture bélier : l’épouse de Vincent Jeanbrun et ses deux enfants, de 5 et 7 ans. On ne cherche plus seulement à s’en prendre aux maires. A leurs familles aussi, désormais.
Et malheureusement, si certains, comme celui de L’Haÿ-les-Roses, continuent, malgré tout, à remettre chaque jour l’ouvrage sur le métier, d’autres en arrivent à ne plus trouver le courage ou la volonté. Ces dernières années, les agressions contre les maires n’ont cessé d’augmenter. Les démissions d’élus également. Combien, à l’avenir, auront la force de remettre leur mandat entre les mains des électeurs ou même se lanceront dans l’aventure d’un premier scrutin ?
Lorsque les limites sont allègrement dépassées, on se demande bien ce qui peut encore faire tenir ces maires, notamment de communes petites ou moyennes.