Appeler au calme – L’édito de Christophe Bonnefoy
La mort d’un jeune de 17 ans à Nanterre, tué par les tirs d’un policier alors qu’il venait de redémarrer avant la fin d’un contrôle routier, montre à quel point notre société est fragile. A quel point on peut, en un dixième de seconde, risquer de voir réduites à néant des années, des décennies à tenter de réconcilier, de faire accepter l’autre, de (re)construire le vivre ensemble.
Certes, un policier est là pour faire respecter la loi et se faire respecter. Mais une simple vidéo aura pour le coup eu raison de toute justification de celui qui a mortellement tiré. Certes, on ne tente pas de fuir un contrôle. Mais rien, absolument rien ne justifie qu’on meurt d’avoir réaccéléré sans y avoir été invité. Certes, enfin, la colère peut être légitime de la part des habitants de Nanterre. Mais là encore, rien n’autorise les plus exaspérés à détruire le bien commun… dont chacun peut être amené à utiliser les services, comme une école, une mairie…
Il y a, dans cette affaire comme dans d’autres, une espèce d’antinomie entre le nécessaire temps de l’enquête, celui d’une justice qui ne peut se rendre dans l’urgence, et les réactions qui, par définition, sont immédiates et pas toujours dictées par la raison. Encore moins par le droit.
Et il ne faut malheureusement pas compter, pour calmer les esprits, sur ceux qui pensent tirer de ce genre de drame un quelconque bénéfice. Ce mercredi a, à ce titre, été chez certains d’une parfaite indécence. Les habituels poncifs sur la police, ou à l’inverse sur des jeunes forcément délinquants, sont ressortis des tiroirs. Politiques ou syndicaux. On ne parle même pas des réseaux sociaux…
Seul l’appel au calme devrait ici pouvoir s’entendre. Pas les discours de circonstance.