Eco Hebdo : frénésie d’évasion
Les Français ont envie de changer d’air. Ils voyagent. Les réservations estivales atteignent des chiffres records à la SNCF, mais aussi pour les cars Macron et le covoiturage. Effacés les revers dus au Covid. Il est encore trop tôt pour mesurer l’ampleur du phénomène. Quand les vacances seront terminées, le recensement de toutes les données permettra de l’évaluer avec précision.
Les motivations sont décelables dans les enquêtes qui sont menées ou dans les discussions avec les proches. On y discerne la volonté de s’évader, au sens fort du terme. S’évader du quotidien, plus gris que rose. S’évader d’une actualité que l’on sent pesante et inquiétante. S’évader avant d’être rattrapé par des évènements qu’on ne domine pas à l’échelle individuelle. S’évader de l’insaisissable.
Prenons l’exemple de l’immobilier. Il aura suffi d’une augmentation des taux d’emprunt – consécutif aux mesures prises pour contrer l’inflation – pour que le secteur se mette à souffrir. L’idée de krach et « d’explosion imminente de la bulle » refait subitement surface. Même l’emblématique Elon Musk a ajouté sa partition en soulignant que le télétravail avait sérieusement secoué l’immobilier de bureau.
Si l’on ajoute que les pays producteurs de pétrole– à commencer par l’Arabie saoudite – jouent avec nos nerfs, il y a de quoi s’inquiéter. Pour le moment, le prix du brut varie peu, ne serait-ce que pour éviter une crise majeure dans les pays consommateurs. Mais ces derniers sont à la merci du bon vouloir des producteurs.
Pour finir, l’ombre de la transition énergétique inquiète même si elle se révèle indispensable. Les Français savent qu’ils devront être plus sobres dans leurs dépenses. D’où l’idée d’en profiter dès maintenant et de se précipiter sur les trains de l’été.
Patrice Chabanet