Affranchissement de la ville de Nogent

Philippe Savouret reprend une page d’histoire à partir d’un ancien bulletin municipal. Ce dimanche 25 juin, l’affranchissement de la ville de Nogent.

Au Moyen Âge, du XI^e au XIII^e siècle, une charte de franchise est un texte officiel où sont exposés les droits et les devoirs d’une communauté urbaine ou rurale vis-à-vis de son seigneur (le roi, un seigneur laïc ou un seigneur religieux). Généralement, la charte de franchise est accordée (concédée) par le seigneur, soit volontairement car il a besoin de l’appui des habitants, soit après un mouvement de révolte de ces derniers. Souvent, les franchises accordées consistent en une diminution du pouvoir seigneurial sur la communauté, qui bénéficie alors de droits particuliers (ou privilèges), une exemption ou une diminution des impôts.

En 1234, Thibault de Champagne hérita par sa grand-mère du royaume de Navarre et en souvenir de cette dignité Nogent fut appelé Nogent-le-Roi. Dès que le comte de Champagne fut maître de la place de Nogent, son premier soin fut de réparer et d’agrandir les fortifications puis, il confia la garde du château à un gouverneur avec un traitement de 40 livres par an.

Le premier gouverneur de Nogent fut Jean de Wassy, ensuite de Nogent et les de la Rochette. Thibaut le Grand aimait beaucoup Nogent qu’il venait souvent visiter. Il y faisait de nombreuses libéralités et s’attira l’affection de tous en affranchissant Nogent au mois de juin 1235. Les habitants du pays jusque là soumis aux lois du sevrage étaient attachés aux terres qu’ils cultivaient moyennant redevance et étaient vendus avec elles.

Cette charte ne se trouve plus dans les Archives départementales, ni à la mairie. Il est probable qu’elle fut perdue par Thibaut VI comte de Champagne fils de Thibaut V qui la recopia en entier et la remis aux habitants de Nogent en 1259 en la confirmant.

Après la réunion de la Champagne en France sous Philippe IV le Bel, la charte d’affranchissement de Thibaut reçut la confirmation des rois. Elle fut notamment approuvée par Charles VI l’année même où il tomba en démence.

Le texte de la lettre d’affranchissement

« Nous, Thibaut par la grâce de Dieu, roi de Navarre, comte palatin de Champagne et Brie, faisant connaître à tous ceux qui liront ces présentes lettres que nous affranchissons les hommes de Nogent-le-Roi et tous ceux qui y viendront demeurer sous la réserve qu’ils nous donneront chaque année à la Nativité ou au lendemain chacun un porcelet ou dix soles et une géline (une poule). Nous retenons cependant nos usages, le droit de justice, le droit de chevauchée et de lever des armées et qu’on sache que nous les délivrerons de la main morte c’est-à-dire que tout héritage sera dévolu au vrai héritier qui fussent de notre domaine, l’héritage nous appartiendrait ou reviendrait à nos héritiers propres en témoignage de quoi pour donner toute force à ces lettres nous les avons fait munir de notre sceau. Fait l’an du Seigneur 1235 au mois de juin »