Record sur record – L’édito de Patrice Chabanet
Que la planète soit prisonnière du réchauffement climatique est une affaire entendue. Aucun responsable politique digne de ce nom ne peut nier l’évidence. Mais jusqu’à présent, les spécialistes n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur le rythme du phénomène. Une rafale de statistiques vient de dissiper les divergences. Le réchauffement a passé la vitesse supérieure. Ainsi, Pékin a connu hier sa journée de juin la plus chaude depuis le début des relevés : 41,1 degrés. Plus près de nous, l’océan Atlantique est en pleine canicule marine : les températures de surface dépassent de… 5 degrés les moyennes enregistrées entre 1971 et 2000. La Corse, elle aussi, connaît des poussées de fièvre impressionnantes : 41,6 degrés à Sartène. Records de chaleur aussi au Sahara et en Sibérie. Et les glaciers n’en finissent pas de fondre. Interminable liste de ce qui semble annoncer une apocalypse.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ne s’embarrasse plus de formules diplomatiques pour dépeindre la situation : « Nous sommes en train de perdre car nous roulons sur l’autoroute vers l’enfer climatique le pied au plancher ». Les Etats commencent à prendre peur de cette folle accélération. Parmi les initiatives qui apparaissent ici ou là, il y a « le sommet pour un nouveau pacte financier » organisé à Paris. Il vise, entre autres, à accélérer la transition écologique. Les pessimistes y verront sans doute un sauve-qui-peut général. L’exagération n’est certainement pas la meilleure analyse des faits. L’Humanité ne reviendra pas à l’âge de pierre. Mais elle a l’obligation de revoir sa copie. Et de donner un nouveau contenu au mot « développement ». Faute de quoi nous finirons tous dans un autocuiseur.