Violence généralisée – L’édito de Patrice Chabanet
Il y a les constats et les explications. Les constats d’abord : la violence est partout, hors de contrôle. Elle alimente les faits divers, avec des images choquantes et spectaculaires, comme l’agression commise à Bordeaux contre une septuagénaire et sa petite-fille. Elle occupe aussi le terrain politique en dehors des partis traditionnels. Dernier exemple en date : les manifs contre le tunnel ferroviaire Lyon-Turin.
Autant les constats font consensus, autant les explications ravivent les divergences idéologiques. Ainsi, l’extrême gauche applaudit les actions du mouvement dit “Les Soulèvements de la Terre”. Avec un canevas révolutionnaire classique : quand il le faut, seule l’action permet de faire aboutir ses revendications. Tel est le discours employé à chaque occasion par Mélenchon. C’est oublier, au passage, que ces dérives rhétoriques légitiment tous les débordements contre les élus. Les maires en savent quelque chose. Qu’ils s’avisent de ne pas céder à une demande formulée par un habitant de la commune, et ils se retrouvent agressés physiquement. Pas de quoi susciter des vocations pour les prochaines élections municipales.
La récupération politique ronge aussi sournoisement notre édifice démocratique. L’extrême droite en fait son miel. Exercice classique, pour ne pas dire caricatural. A Bordeaux elle a tout de suite mis en cause le laxisme migratoire de ceux qui nous gouvernent, sans attendre les conclusions de l’enquête… Or l’auteur de l’agression est né en France. Faut-il encore préciser qu’aux Etats-Unis, plus de 20 000 homicides sont enregistrés chaque année, contre un… millier en France. Il n’empêche, le sentiment d’insécurité l’emporte sur la réalité des statistiques. Le risque d’être agressé au moment de monter dans sa voiture ou de rentrer chez soi est bien là. Se pose alors la question de la répression pour des gestes relégués dans la catégorie petite délinquance. A l’évidence, la réponse tarde à venir.