Riverains vs Yanmar : 5 mois après les promesses, « rien n’a été fait ! »
Depuis des années, les riverains de l’usine Yanmar se battent contre les nuisances sonores de l’usine. Mi-janvier, le fabricant de mini-pelles s’était engagé à faire des travaux. Cinq mois plus tard, les riverains ne voient toujours rien venir.
« Vous entendez, là, la soufflerie ? C’est comme ça 24 h sur 24, du lundi au vendredi… » Les riverains de l’usine Yanmar sont à bout. Depuis des années, ils se battent contre les nuisances sonores de l’usine d’assemblage de mini-pelles, installée à quelques mètres seulement de leurs maisons. Entre vidage des bennes de ferraille, remplissage d’une cuve d’air liquide, des portes de l’usine ouvertes laissant s’échapper tous les bruits des ateliers et une soufflerie qui ronronne en permanence, ils n’en peuvent plus.
« On lui a fait confiance, mais aujourd’hui, la confiance est rompue. Il ne tient aucun de ses engagements. »
Mais après plusieurs réunions, en mairie, avec la direction locale de l’entreprise*, les riverains avaient obtenu des avancées significatives. Notamment le 17 janvier, avec la promesse d’installation de réducteurs de bruit sur les cheminées de l’usine. La fameuse soufflerie… « Le directeur s’était engagé, devant le maire et le sous-préfet, à installer trois réducteurs de bruit, fin avril ou début mai, et trois autres, en août, quand l’usine serait fermée », rappelle Ghyslaine Bouzon, une riveraine en première ligne. « Mais rien n’a été fait ! On lui a fait confiance, mais aujourd’hui, la confiance est rompue. Il ne tient aucun de ses engagements. »
Et selon les riverains, les choses auraient même empiré. « La cuve recommence à faire un bruit d’échappement, les portes restent ouvertes, alors qu’elles devaient rester fermées. D’ailleurs, dès qu’on envoie un SMS au directeur, dans les cinq minutes, elles sont refermées ! », sourient ironiquement les riverains, qui se sont émus de la situation le mardi 6 juin, lors de la rencontre du maire avec les habitants de La Noue. « Ce jour-là, Quentin Brière a reconnu lui-même que la situation est “invivable”, c’est le terme qu’il a employé. On ne demande pas grand-chose : juste que les engagements soient tenus et qu’on retrouve le calme. »
Les riverains inquiets pour leur santé
Car selon eux, au-delà de la gêne, il s’agirait d’une question de santé. « Stress, dépression, acouphènes… Il y a même eu deux hospitalisations. C’est pas une vie… », regrettent les riverains. « On a un voisin qui est en train de péter les plombs. Sa maman a été hospitalisée. A cause des bruits de ferraille, elle a eu une grosse frayeur et a eu un problème cardiaque. » Ce voisin envisage d’ailleurs de porter plainte si la santé de sa mère se détériore. Aidés par l’association environnementale Belles Forêts sur Marne, les riverains tentent également d’alerter le siège du groupe Yanmar, au Japon, pour accélérer les choses.
Une nouvelle réunion en urgence
Cinq mois après les promesses de la direction de l’usine, les riverains exigent désormais une nouvelle réunion en mairie, en urgence, afin de convaincre l’entreprise d’engager les travaux promis. « On veut juste qu’ils nous disent : “Voilà, on fait les travaux tel jour à telle heure.” », concluent les riverains. « Parce qu’avec l’augmentation annoncée de la production, ça ne va pas s’arranger. D’ailleurs, je les ai vu ce matin, ils étaient en train de métrer. J’espère qu’ils ne vont pas encore s’agrandir vers nos maisons… »
P.-J. P. avec Louis Vanthournout et notre stagiaire Noé Bozek
* Contactée, la direction de l’usine n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Quid d’un déménagement ?
A plusieurs reprises, lors de la rencontre du maire à La Noue, le mardi 6 juin, les riverains ont interrogé sur l’hypothèse d’un déménagement de l’usine, arguant que « les locaux d’Yto sont disponibles », parmi d’autres friches. Si le cas Yto est inimaginable pour une question de taille et de désamiantage, l’opération serait loin d’être gratuite pour Yanmar : « Nous en avons parlé, ils m’ont assuré que pour des raisons économiques c’est absolument impossible de déménager la logistique. Cela mettrait en péril la société », relate Quentin Brière.