Quasi-miracle – L’édito de Christophe Bonnefoy
Dans l’océan du malheur, on discerne parfois une petite bulle de beau, d’espoir, des raisons de voir la vie autrement. C’est loin, très loin. Bien loin de nous, géographiquement. Bien éloigné, aussi, de notre façon d’exister dans nos villes, même dans nos campagnes. En l’occurrence, c’est une lapalissade, la Colombie n’est pas la France. Et pour le coup, les forêts qui avaient “englouti” quatre enfants après le crash d’un avion se révèlent bien plus hostiles que les nôtres.
Quatre gamins de 13, 9, 4 et 1 an, qui, on peut le dire, ont miraculeusement survécu dans ce milieu qui aurait pu en quelques heures sceller leur sort. Miraculeusement ? Pas complètement. Lesly, Soleiny, Tien Noriel et Cristin ne doivent leur salut qu’à eux-mêmes. Ou plus précisément à l’aînée de la fratrie, qui a su garder tout le monde en vie. Reste qu’une bonne étoile a peut-être ici veillé sur eux.
Tout n’est pas rose dans l’histoire. La maman, le pilote et un proche n’ont pas survécu au crash de l’avion qui les transportait. Mais comme un symbole, 40 jours d’errance au milieu des pumas, des jaguars, des serpents n’auront pas eu raison de l’instinct de survie des enfants. Retrouvés à environ 5 km seulement du lieu de l’accident, ils auront bien involontairement mobilisé des moyens considérables et tenu en haleine une bonne partie de la planète. Jugez plutôt : les secours, en plus d’un mois, ont parcouru plus de 2 500 km à leur recherche.
Ils ne sortiront bien sûr pas intacts de l’aventure. C’est certain. Plus forts, sans doute. Marqués, indéniablement. Mais porteurs, si on veut utiliser les grands mots, d’une belle note d’optimisme envers ceux qui désespèrent de la nature humaine et de ses capacités.
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