Base aérienne 113 : qui sont les réservistes de l’armée ?
Du 16 au 18 juin, la BA 113 et le territoire seront le théâtre de l’exercice Air Raid. Le fruit de six mois de préparation au cours desquels les réservistes ont joué leur partition. Qui sont-ils vraiment ? Comment le sont-ils devenus ? Quels souvenirs gardent-ils ? Rencontre avec trois d’entre eux.
Neuf ans après, l’exercice grandeur nature Air Raid est de retour sur le territoire haut-marnais. L’évènement organisé chaque année par l’Armée de l’air et de l’espace se tiendra du 16 au 18 juin, sur et autour de la base aérienne 113. Actuellement, plus de 114 participants sont prévus, dont des délégations étrangères comme des Belges.
Parmi les 2 200 militaires de la BA 113, nombreux se préparent depuis six mois pour tout soit prêt le jour J. Et dans ce contingent, on retrouve environ 200 réservistes. Retraités de l’Armée, citoyens civils ou ayant fait leur service militaire, tous ont des profils et parcours différents. Nous en avons rencontré trois : la caporale Emma, le lieutenant-colonel Emmanuel et l’adjudant-chef Jean.
Parcours
Nos trois interlocuteurs sont devenus réservistes par différents biais. Emma, la benjamine, est encore en études : en école d’ingénieur du côté d’Albi. Toujours affectée à la BA 113, elle est devenue réserviste en 2017, à l’âge minimal autorisé (17 ans) : « La base proposait des places pour devenir cadet de l’Armée. Je rêvais de devenir pilote, c’était une belle opportunité de me rapprocher du monde militaire », se souvient la jeune femme. En finalité, la caporale a intégré un escadron de chasse. Après ses 36 ans à l’Armée de l’air (devenue Armée de l’air et de l’espace entre temps), Jean est devenu d’office réserviste opérationnel. « A l’issue d’une carrière complète, on doit cinq années de réserve à l’Armée. C’est-à-dire que l’on peut être rappelé pour une mission à n’importe quel moment », détaille celui qui était chef du service des sports de la base.
Quant à Emmanuel, son cas est devenu rare depuis la fin du service militaire : « Je suis issu de la conscription, en juillet 1995. J’ai fait 24 mois de service militaire à 21 ans, et je suis devenu directement réserviste à l’âge de 23 ans », raconte le lieutenant-colonel, passionné par l’univers de l’armée et par ailleurs président de son entreprise.
Organisation
Cela fait donc 27 ans que ce dernier est réserviste. Depuis le début, le commercial (avant qu’il ne soit à son compte) a su trouver le bon équilibre pour se rendre disponible le plus possible : « Au départ, dès que j’avais des congés. Avec la loi Aubry (passage aux 35 heures), j’avais des RTT, donc c’était plus simple. » Entre temps, il a rencontré sa future épouse, une militaire « très compréhensive ». En parallèle, il s’est formé à l’École militaire de Paris et a passé cinq grades en tout, pour se retrouver lieutenant-colonel.
Emma aussi doit jongler avec « son autre vie ». Sauf que la jeune caporale est également confrontée à la distance : plus de 800 km séparent Saint-Dizier d’Albi. « Je ne pourrai pas participer au Air Raid, mais je remonterai une ou deux semaines pendant les grandes vacances. » Pas de 14 Juillet non plus, à cause du travail donné par l’école. Et à l’avenir, elle ne pourra pas devenir pilote : « J’ai été déclarée inapte. Mais je tiens à rester réserviste, que ce soit à la BA 113 où plus près de chez moi. Cela fait partie de mon équilibre. »
Bienfaits
Emmanuel, par ailleurs vice-président au Medef 52, ne regrette en aucun cas son engagement depuis près de trois décennies : « En devenant réserviste, j’ai eu cette chance de côtoyer des personnalités que jamais je n’aurais rencontrées dans ma vie de tous les jours. La formation, cette rigueur que j’affectionne, cela m’a donné confiance en moi. Et surtout, énormément de connaissances très diversifiées sur le monde militaire. » Connaissances qu’il partage notamment en participant aux journées d’appel à Saint-Dizier. Quand il ne teste pas une partie du parcours sinueux qui attend les militaires lors de l’opération Air Raid pendant 24 heures.
Pour l’adjudant-chef Jean, c’est l’ensemble de sa carrière qu’il retient : « Une superbe aventure humaine d’être au service des gens pour leur apporter le goût de l’effort », partage-t-il avec enthousiasme. Mais il s’éclate toujours autant comme réserviste, même si cela ne fait qu’un an. Il participe notamment à l’organisation des grands évènements, comme Air Raid, dans sa partie physique. « C’est comme si j’étais encore dans mon métier : le tir, la formation des militaires, les épreuves sportives… Je travaille beaucoup avec l’UNSS et les jeunes également. C’est que du plaisir. »
Quant à la caporale, depuis six ans, elle a énormément grandi en tant qu’individu. Ses années de réserve n’y sont pas étrangères : « J’ai appris beaucoup sur le milieu professionnel. J’apprécie les codes, la hiérarchie, le respect mutuel qu’on ne trouve que dans l’armée selon moi. J’ai aussi appris à m’adapter, à écouter et à travailler en équipe. » Un sentiment qu’Emma illustre en citant une phrase qui la marquera toujours : « Si quelqu’un tombe, nous tombons tous ».
Louis Vanthournout