Pour relancer le commerce de centre-ville, une taxe sur les locaux vacants ?
En préambule de la réunion de quartier qui s’est tenue mardi 6 juin à La Noue, le maire est revenu sur les dernières fermetures de commerce. Pour le relancer, la Ville travaille avec la Chambre de commerce et d’industrie à l’élaboration d’une taxe sur les locaux vacants.
Mardi 6 juin, c’était la dernière rencontre entre maire et habitants avant la prochaine rentrée scolaire. Direction La Noue pour Quentin Brière. Après un tour d’horizon du quartier, il a rejoint l’auditorium du conservatoire Jean-Wiener, où une trentaine d’habitants l’attendaient pour partager leurs doléances.
En préambule, l’édile est revenu sur l’actualité récente avec les fermetures de commerce en centre-ville. Comme évoqué dans le JHM du 3 juin, Planète des marques et Chichadream ont fermé, tandis que Morgan, Eliot et Elégance Déco (à Gigny) en feront de même d’ici mi-juillet pour la dernière. Et même si Etam a ouvert fin mai et que Adopt va débarquer, la balance demeure négative. « La situation du commerce nous occupe fort. Il ne faut pas croire que l’on reste les bras ballants », commente Quentin Brière, avant de souligner : « Au niveau national, c’est mauvais partout. »
Espoir
Face aux habitants, le maire de Saint-Dizier cible deux rues comme marqueurs importants de la vie commerciale de la ville : « Gambetta et Docteur-Mougeot. C’est là qu’il faut concentrer nos efforts, car le plus gros flux est là »
Paradoxalement, l’arrivée des Halles (inaugurées le 10 mars dernier) a généré autour d’elles un flux de personnes plus conséquent, à en croire les chiffres avancés par Quentin Brière : « En comparant avec mars 2022, nous sommes à 100 000 passages supplémentaires. Pour avril, c’est + 60 000 passages. Cela prouve qu’il y a de l’activité générée, c’est un signal positif. » Selon nos informations, ces données sont obtenues grâce à la plateforme MyTraffic, qui analyse les flux avec la géolocalisation de nos téléphones portables.
Cible
D’après l’édile, la problématique qui freinerait l’arrivée de nouveaux commerces dans l’hypercentre, concerne les loyers des cellules : « Il faut agir sur les prix qui sont beaucoup trop chers. » Trois plus tôt, lors de la visite des Halles en présence des commerçants, l’édile n’hésitait pas à parler de « tarifs américains ».
Pour lutter contre ce phénomène et inciter les propriétaires à se montrer moins gourmands, la Ville travaille avec la Chambre de commerce et d’industrie à l’élaboration d’une taxe sur les locaux vacants. « Certains ne s’en rendent même pas compte. Et il y en a d’autres qui le font exprès, ceux qui en possèdent partout, dans d’autres villes. » Dans le détail, Quentin Brière évoque l’intérêt certain de Sociétés civiles immobilières (SCI) à garder leurs cellules vides pour générer du déficit et défiscaliser plus facilement. Affaire à suivre.
Louis Vanthournout
Les exemples de villes moyennes
Plusieurs villes moyennes françaises ont mis en place une taxe sur les locaux vacants récemment. C’est le cas par exemple depuis janvier 2022 de Sarreguemines (Moselle), 20 555 habitants. Appelée « taxe sur les friches commerciales », elle s’applique aux biens soumis à la taxe foncière sur les propriétés bâties (cellules commerciales, immeubles de bureaux, des parkings, lieux de stockage…) inexploités depuis au moins deux ans à l’époque, relataient nos confrères du Républicain lorrain. Le calcul s’effectue en prenant en compte la base de la taxe foncière, avec un taux qui grimpe chaque année. Les propriétaires peuvent toutefois témoigner de leur volonté réelle de louer leur cellule. A Vesoul (Haute-Saône), 15 000 habitants, où la même taxe a vu le jour en 2019, il faut prouver l’entame de démarches, le fait que la location soit confiée à une agence immobilière, que des annonces sont publiées ou que des travaux de rénovation sont en cours.
Impossible de trouver un retour d’expérience après la mise en place de cette taxe. Hormis pour Sarreguemines, qui grâce à celle-ci a a empoché des recettes supplémentaires… sans inverser la tendance de locaux vacants. Cela ne reste qu’un exemple.