La mort au coin de la rue – L’édito de Patrice Chabanet
Il y a quelque chose de désespérant à voir s’allonger la liste des réglements de compte dans notre pays. A chaque nouvelle affaire, on pense avoir touché le fond. Mais non, la série s’enrichit chaque jour. Cette fois-ci c’est la paisible ville de Nantua dans l’Ain qui s’est retrouvée dans l’œil du cyclone. Ce jeudi soir, on ne connaissait pas les détails de cet énième acte de violence. Apparemment une sombre bagarre qui a mal tourné : un mort. Un jeune de 19 ans.
Quelles que soient les motivations du tireur, on reste frappé par la libre circulation des armes dans un pays dont la législation n’a rien à voir avec le laxisme assumé de la loi américaine. Parallèlement au trafic des stupéfiants, revolvers et fusils automatiques traversent les frontières en provenance des Balkans à des prix défiant toute concurrence. Une aubaine pour les petites frappes qui jouent les justiciers pour la moindre des peccadilles.
L’Etat garant de la sécurité de chaque citoyen paraît démuni face à cette vague montante d’une violence aveugle. Augmenter la présence policière dans nos villes, et pas seulement dans les quartiers difficiles, ne change rien aux problèmes de fond. Pas plus que l’augmentation des incarcérations : il n’y a jamais eu autant de délinquants et de criminels enfermés. La violence est devenue, pour certains de nos compatriotes, un moyen d’expression.
Un signe qui ne trompe pas : la classe politique réagit de plus en plus mollement face à des statistiques qui ne cessent de grimper. Comme si cette forme d’américanisation de notre société allait désormais de soi et rendait toute solution inopérante.