Stop au gaspillage des matériaux de construction
À Caen, en Normandie, le Plateau Circulaire récupère des matériaux de construction inutilisés, les remet en état, puis les revend à proximité. Bien vu ce circuit court du réemploi !
Par Marylène Carre, Ouest-France
Téléphone à l’oreille, Stéphanie Paly est visiblement contrariée. Elle doit livrer dans trois jours une cuve de 15 000 litres donnée par un garage au Pôle de l’économie sociale et solidaire du Pays de Falaise (Calvados), où s’installera bientôt un garage solidaire. Mais, surprise : « la cuve n’a pas de crochets d’arrimage ! », constate amèrement le transporteur, au bout du fil. Il faut trouver une solution rapidement. « Le principal problème du réemploi, c’est la logistique », soupire Stéphanie, co-fondatrice du Plateau Circulaire de l’agglomération caennaise.
L’économie circulaire du réemploi suppose de trouver localement les moyens de « récupérer, stocker et remettre en état ». Mais ça, elle connaît… Elle l’a éprouvé pendant les deux années de chantier de la Grande Halle à Colombelles, près de Caen. Dans le marché de réhabilitation de cette immense halle industrielle, destinée à devenir un tiers-lieu culturel, le maître d’ouvrage, Normandie Aménagement, a intégré un lot « réemploi ». Une première.
Stéphanie Paly, maître d’œuvre indépendante, et Valentin Blanlot, coordinateur réemploi pour le Wip, l’association de préfiguration du futur tiers-lieu y répondent. Charge à eux d’expérimenter et de poser les bases d’une filière du réemploi en Normandie qui n’existe pas encore.
Un entrepôt et deux ateliers
Normandie Aménagement, qui gère beaucoup de chantiers de démolition, leur permet de constituer les premiers stocks. Au final, les sanitaires et les radiateurs de la Grande Halle seront issus du réemploi, ainsi qu’une part de l’isolant, du bois des balcons et du carrelage. Le tout déniché à cinq kilomètres à la ronde. Ce premier chantier expérimental a permis de tester une méthodologie de travail, qui est aujourd’hui celle du Plateau Circulaire.
Et Stéphanie d’énumérer les différentes tâches. « Réaliser un diagnostic en amont pour identifier les ressources disponibles sur un bâtiment. Accompagner et former les entreprises dans la dépose sélective des matériaux. Stocker, remettre à neuf, et revaloriser ces matériaux en encourageant les maîtres d’œuvre à intégrer un lot réemploi dans leurs projets. »
Couvé par Katapult, l’incubateur normand de l’économie sociale et solidaire, biberonné par l’Ademe, la Région Normandie et l’État (via le Comité régional de l’économie circulaire), le Plateau circulaire voit le jour fin 2021. Il dispose d’un entrepôt et de deux ateliers bois et métallerie à Grentheville, près de Caen. Il s’est spécialisé sur trois types de ressources qu’il peut proposer en grande quantité : les radiateurs en fonte, les sanitaires et les blocs portes. Le Plateau ne s’adresse pas aux particuliers, mais vise les projets de logements collectifs, pour s’approvisionner comme pour revendre, afin de « massifier le réemploi ».